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Les Adventistes et la pandémie de grippe de 1918

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La pandémie la plus meurtrière de l’histoire moderne a été la grippe de 1918-1919. Les estimations les plus prudentes indiquent que plus de 50 millions de personnes sont mortes. Elle a été nommée de manière inappropriée grippe espagnole, alors qu’elle aurait dû s’appeler la grippe américaine (elle ne venait assurément pas d’Espagne). L’historien John Barry, un expert de premier plan, a retracé le début de l’épidémie aux zones rurales du Kansas. La facilité des transports modernes, en particulier les chemins de fer américains, a permis au virus de circuler librement et il a infiltré furtivement des villes du monde entier.

Ce qui a rendu cette pandémie en particulier si troublante, c’est qu’elle touchait les jeunes et les personnes en bonne santé. Les gens pouvaient mourir dans les 24 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Les hôpitaux ont rapidement été submergés. Les gens mouraient de faim littéralement car leurs amis et voisins avaient peur de leur apporter de la nourriture. Dans certaines villes, des corps étaient empilés dans les maisons, sous les porches et dans les rues, et des fosses communes étaient creusées au fur et à mesure que le nombre de morts augmentait.

Les soldats mobilisés en 1918 pour la Première Guerre Mondiale ont propagé la grippe à travers le pays et dans le monde alors qu’ils partaient pour l’Europe. Ils ont voyagé sur des navires de transport de troupes bondés – un environnement idéal pour la reproduction du virus – de sorte qu’au moment de leur débarquement, la pandémie s’était déjà rapidement propagée parmi eux. La contagion a attaqué sans discrimination les deux camps alors que la guerre arrivait lentement à son terme.

Le patriotisme a pris le pas sur les préoccupations liées à la santé publique. Les responsables publics évitaient généralement d’en parler ou prétendaient que la chose n’existait pas. À un moment donné, ceux qui discutaient publiquement de la grippe étaient poursuivis. Le manque d’informations facilitait la rapide propagation des rumeurs et de la désinformation. Une rumeur populaire, par exemple, suggérait que la maladie était une arme biologique qui avait été lancée à partir d’un sous-marin U-boat allemand. Plus tragique encore, l’organisation de rassemblements publics pour lever des fonds pour des prêts pour la guerre. Un rassemblement de ce type organisé à Philadelphie, malgré les mises en garde des médecins, a vu plus de 200000 personnes inonder les rues. Peu de temps après, une catastrophe de santé publique a eu lieu, la grippe s’étant propagée à des milliers de personnes dans la ville, faisant des centaines de morts chaque jour. Les historiens estiment qu’à la suite de ce rassemblement, plus de 15000 personnes sont mortes.

Infirmières bénévoles de la Croix-Rouge Américaine soignant des personnes souffrant de la grippe à l’Oakland Auditorium, en Californie, pendant la pandémie de grippe de 1918. [Photo : Edward A. “Doc” Rogers]


Alors, comment les adventistes ont-ils réagi à cette crise de santé publique ?

La pandémie de grippe de 1918-1919 a connu trois vagues majeures au fur et à mesure de l’évolution de la maladie. La deuxième des trois phases s’est avérée être la plus meurtrière et a atteint son point culminant au moment où la guerre touchait à sa fin en octobre 1918. À ce stade, les adventistes savaient qu’ils étaient au milieu d’une crise. Les procès-verbaux des comités de l’église l’indiquent clairement. L’école adventiste pour les enfants amérindiens a perdu son professeur à cause de la « grippe espagnole. » Les dirigeants d’église ont fait des plans alternatifs pour les programmes majeurs de l’église, y compris une conférence biblique prévue qui, après un premier ajournement dû à la guerre, a de nouveau été reportée à l’été 1919. De même, les dirigeants de l’église ont fait d’autres plans alternatifs pour le Concile d’Automne 1919 qui devait se tenir au Sanatorium de Boulder dans le Colorado. Les administrateurs craignaient qu’il n’y ait pas assez d’espace en raison du grand nombre de patients, alors ils ont fait des plans différents pour organiser le programme dans la ville de Denver, toute proche, où il y avait des transports appropriés et des chambres d’hôtel. Ils ne voulaient pas entraver les efforts visant à aider les malades.

Le 11 octobre 1919, alors que le pays subissait la troisième vague de l’épidémie, les dirigeants de la Conférence Générale ont adopté une résolution intitulée « Organiser les Églises pour le Travail d’Urgence. » Ils ont recommandé « qu’en période d’épidémie ou d’autres urgences sanitaires graves, que tout soit fait par les fédérations pour rassembler nos églises et les préparer à répondre aux besoins de notre propre peuple et à aider les autres, en faisant appel à nos médecins et infirmiers disponibles pour instruire et diriger dans une ce type d’action. . . en accordant aux besoins d’urgence une attention aussi rapide et complète que la situation l’exige. »

 

Appel à l’Action

Les précautions prises à Seattle pendant la pandémie de « grippe espagnole » ne permettaient à personne de monter dans les tramways sans porter de masque.

L’un des appels à l’action les plus poignants est venu du Dr W.A. Ruble, secrétaire de l’Œuvre Médicale Missionnaire de la Conférence Générale. Il a reconnu que le monde « traversait l’une des pandémies les plus répandues et les plus dévastatrices. . . jamais connues. » Les adventistes n’étaient pas à l’abri de cette maladie et, malgré l’appel à l’aide lancé à tous les professionnels de santé, le système de santé était débordé. Dr Ruble a mis en garde contre certains adventistes qui adoptait une approche où ils apparaissaient comme « plus saints que quiconque » citant leur immunité contre la maladie « comme une preuve de [leur] propre justice, tout en attribuant le malheur de [leurs] frères à leur manque de fidélité. » Ces personnes n’étaient rien d’autre que des « hurluberlus » de la réforme sanitaire. Dr Ruble a en outre mis en garde contre ceux qui rapidement tiraient des conclusions, telles que celle indiquant que la pandémie étant « un signe avant-coureur de la grande détresse qui va survenir dans les derniers jours. »

Au lieu de cela, Dr Ruble a appelé les adventistes à considérer la situation comme étant une opportunité « de porter l’évangile au monde. » Alors que les églises et les écoles étaient fermées, que les déplacements étaient limités et que les colporteurs se voyaient refuser le privilège de vendre des livres, il a dit à l’église : « Après la grippe, que se passera-t-il ? Que feront les adventistes du septième jour pour être prêts à faire face à de telles situations ? » Il a souhaité ardemment, alors que les hôpitaux étaient submergés, que chaque foyer adventiste puisse devenir un centre pour le travail missionnaire médical, enseignant les autres et exerçant auprès d’eux un ministère.

« Au cours de cette épidémie, » a-t-il fait remarquer, « chaque adventiste du septième jour a eu dix fois plus d’opportunités de service qu’il aurait pu honorer, s’il avait été prêt pour cela. Quelle opportunité pour l’effort missionnaire et pour la pratique de cette religion pure et sans tache dont Jacques parle ! Quelques-uns, cependant, ont eu tellement peur de contracter la maladie qu’ils se sont abstenus d’apporter leur aide aux personnes en détresse. . . . Dans des situations comme celles que nous traversons, les barrières sociales et professionnelles sont en train de tomber. » Et alors maintenant, que ferons-nous ? « Que chaque adventiste du septième jour devienne un missionnaire médical. »

 

Application

Un exemple de la manière dont les adventistes ont réagi s’est produit au Séminaire Théologique de Hutchinson dans le Minnesota. La moitié des 180 étudiants est tombée malade. Le séminaire pratiquait l’auto-confinement, mettant les étudiants en quarantaine lorsqu’ils tombaient malades et mettait l’accent sur le renforcement du système immunitaire avec une alimentation saine et des fomentations placées sur la poitrine et l’abdomen. Après l’amélioration de l’état des étudiants et du personnel, chaque patient a ensuite été mis en quarantaine pendant cinq jours supplémentaires pour éviter la propagation de la maladie. L’école a également pris des mesures pour prendre soin des gens de la communauté.

Aujourd’hui, les experts savent qu’une partie de ce qui a rendu l’épidémie de cette époque si meurtrière a été la réaction du système immunitaire. Même sans cette connaissance, les missionnaires médicaux ont fait de leur mieux pour que la maladie ne les empêche pas d’aider ceux qui les entouraient.

Bien que la distanciation sociale ait été pratiquée depuis l’antiquité, une partie de ce qui a rendu la « grippe espagnole » si mortelle était la peur qu’elle inspirait amenant les gens à arrêter d’aider ceux qui avaient désespérément besoin de nourriture et de soins médicaux.

La distanciation sociale, conjuguée aux efforts visant à pratiquer une bonne hygiène et une réforme sanitaire, a contribué de manière très constructive à atténuer les souffrances pendant la pandémie.

Bien que les adventistes ne fussent certainement pas à l’abri, ceux qui écoutaient leurs conseils s’en sortaient généralement mieux. Les adventistes ont produit un certain nombre d’articles et une brochure circulaire intitulée simplement, Épidémies : Comment y Faire Face. Cette brochure est rapidement devenu un best-seller, car les gens de tout le pays, incapables d’obtenir des soins médicaux, ont appris à appliquer l’hydrothérapie et d’autres formes de traitements de santé simples à la maison pour aider les gens à retrouver la santé.

Les adventistes, bien connus à cette époque comme étant des réformateurs en matière de santé, ont reconnu au milieu d’une pandémie qu’ils avaient également une occasion en or d’atteindre ceux qui se trouvaient autour d’eux. 6

 

De Michael W. Campbell, Ph.D., professeur de religion à la Southwestern Adventist University à Keene, au Texas.
Source www.interamerica.org/fr/2020/03/les-adventistes-et-la-pandemie-de-grippe-de-1918/
Traduction: Patrick Luciathe

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