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Comprendre nos amis Sikhs

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L’objectif principal des croyants sikhs est la transformation intérieure qui consiste à lutter contre les aspirations égoïstes et superficielles grâce à la prière, au travail, au service et à l’aumône.

Le sikhisme est la cinquième religion dans le monde et compte entre 20 et 30 millions d’adhérents. Il vient de la province du Punjab de l’Inde, avant que le pays ne devienne indépendant. Il s’agit d’une religion relativement jeune par rapport à toutes les autres religions1. Son fondateur, Guru Nanak, est né en 1469 à Lahore, une ville située désormais au Pakistan. Il était hindou et appartenait à la caste des commerçants, mais il était passionné par les questions spirituelles. Ainsi, il n’a pas suivi les traces de ses parents dans le domaine professionnel2. Certaines des philosophies et des croyances qu’il a développées étaient en contradiction avec les enseignements de l’hindouisme. Guru Nanak a commencé à voyager. Ses croyances ont attiré un nombre croissant d’adeptes qui ont pris le nom de sikhs, ce qui signifie « élève », ou « disciple3 ». C’est ainsi qu’est né le sikhisme en Inde, tandis que le pays faisait partie du grand empire moghol.

Guru Nanak est mort en 1539, à l’âge de 70 ans. Après son décès, ce n’est pas son fils aîné qui est devenu son successeur comme c’était la coutume dans cette culture, mais un hindou d’une caste inférieure qui faisait partie de ses plus fervents disciples. Ce mode de succession est devenu la particularité du sikhisme, qui accorde la priorité à l’esprit de service de Dieu plutôt qu’aux traditions arbitraires de l’hindouisme. D’après les sikhs, le Divin est un être informe, le Créateur du monde. Cette croyance se rapproche de la conception du divin dans l’hindouisme4.

Les neufs gourous sikhs suivants ont continué à développer la philosophie de Guru Nanak, apportant leur propre contribution à cette religion. Quand Gobind, le dernier gourou, est mort en 1708, il n’a pas eu de successeur.

La communauté sikh est un groupe uni qui compte des membres venant de toutes les castes et de toutes les origines sociales. Les dix gourous fondateurs de la religion sikh ont développé des idéaux « d’égalité, de liberté et de service désintéressé » vis-à-vis de l’humanité entière. Ces idéaux n’ont pas changé au fil du temps et de l’expansion du mouvement5. Ils ont été transmis grâce à la tradition orale, mais également grâce à un texte écrit appelé Guru Granth Sahib. La mort du dixième gourou a marqué la fin de l’encadrement du mouvement par les gourous et le début d’une nouvelle façon de diriger, appelée gurmata6. Il s’agit d’un organe administratif qui existe encore aujourd’hui.

 

LES CROYANCES PRINCIPALES DES SIKHS

Croyant à l’unicité du Divin, le sikhisme s’intéresse particulièrement à la condition humaine – notre tendance à l’égoïsme, à la corruption et à la division – et insiste sur la confiance totale placée dans le Divin. L’objectif principal des croyants sikhs est la transformation intérieure qui consiste à lutter contre les aspirations égoïstes et superficielles grâce à la prière, au travail, au service et à l’aumône.

Luttant contre les idéologies religieuses « autoritaires, rituelles et indifférentes sur le plan moral », Guru Nanak « encourageait ses disciples et la société dans son ensemble à dépasser les distinctions de castes, de genre et de credo7 ». Selon l’enseignement sikh, tout le monde a accès au Divin. La croissance spirituelle est possible quand le croyant cherche à être un avec le Divin, le Créateur de toutes choses. Les sikhs croient que cela est possible non en s’isolant du reste du monde, mais en faisant confiance au Créateur en toutes choses.

Le chiffre cinq est un symbole essentiel dans la religion sikh. Ainsi, tous les croyants doivent franchir cinq étapes pour trouver la libération dans cette vie ou dans une autre. Ces étapes consistent à surmonter les principaux obstacles au salut : la convoitise, l’envie, l’avidité, l’attachement aux choses de ce monde, la colère et l’orgueil8. Ces différentes étapes sont progressives. Il s’agit (1) d’accomplir avec diligence les différentes tâches qui nous incombent dans la vie (les bonnes actions) ; (2) de grandir en sagesse et en connaissance des choses divines ; (3) de s’efforcer de vivre en relation étroite avec le Divin, de s’éloigner des choses matérielles et de combattre son ego ; (4) de vivre en paix en comptant sur la grâce divine ; et enfin (5) de vivre un sentiment de libération grâce à la communion avec le Divin9.

La religion sikh enseigne aussi qu’on ne peut pleinement communier avec le Divin sans s’engager au sein d’une communauté, ce qui favorise l’édification spirituelle et l’accomplissement de bonnes actions. Les sikhs croient que la communion avec le Divin est possible « grâce à l’amour, à l’adoration et à la contemplation10 ». Cependant, les sikhs considèrent qu’il est important de donner du sens à toutes choses, et ils rejettent donc les « rituels aveugles11 ».

 

FOI ET MODE DE VIE

Dans la religion sikh, trois aspects sont essentiels : tout d’abord, la méditation et l’adoration du Divin qui comprend le chant et la prière communautaire ; deuxièmement, la capacité à travailler sérieusement sans exploiter autrui ; et troisièmement, l’aide apportée aux personnes dans le besoin.

L’adoration et les activités communautaires se déroulent dans le gurdwara, ce qui signifie « porte du gourou ». Ces temples ont été fondés à l’époque du deuxième gourou. Plus tard, une cuisine collective a été ajoutée au temple. Le livre sacré des sikhs est le Guru Granth Sahib, qui est au centre de chaque gurdwara. Le chant et la lecture du texte sacré sont l’équivalent de la présence d’un gourou. Certes, il n’y a pas de gourou vivant dans la religion sikh, mais le livre sacré est considéré comme un témoignage vivant qui « continue à transmettre la connaissance divine et à définir les relations humaines12 ». Des responsables sont désignés pour prendre en charge l’adoration, les sermons et les différentes tâches à accomplir.

Dans la tradition sikh, les vêtements et le turban indiquent que les personnes qui les portent ne sont ni hindoues ni musulmanes, et que tous les êtres humains sont égaux devant Dieu. L’habitude pour les hommes consistant à porter un turban et à ne pas se faire couper les cheveux s’est développée sous le gourou Gobind Singh. C’était alors une façon d’accroître l’influence exercée par les sikhs à la fois dans le domaine religieux et dans le domaine politique.

Les sikhs ont de nombreux rites de passage et de fêtes, comme par exemple : (1) le choix d’un nom pour les nouveau-nés ; (2) la cérémonie de mariage ; (3) la cérémonie Amrit Sanskar, c’est-à-dire la cérémonie d’initiation d’entrée dans l’ordre des sikhs plus spécialement dans la Khalsa, la communauté ; (4) les rites funéraires et notamment la crémation13.

Voici quelques exemples des fêtes célébrées par les sikhs : (1) Baisakhi ou Vaisakhi, la nouvelle année sikh qui est célébrée le 13 ou le 14 avril en grande pompe14 ; (2) Gurpurb, à savoir l’anniversaire de la naissance de Guru Nanak, le fondateur du mouvement sikh, qui est célébré en novembre lors d’une grande procession dans les rues décorées de drapeaux colorés ; (3) Diwali, que les sikhs célèbrent de la même façon que les hindous en allumant des lampes à huile appelées deyas au mois d’octobre et de novembre15 ; et (4) Bandi Chhor Divas (« Jour de la libération »), une fête qui célèbre la libération de prison de Guru Hargobind grâce à l’empereur moghol. Il existe d’autres fêtes, comme Hola Mohalla, rappelant l’inauguration de la Khalsa en réponse aux persécutions et aux « manigances des dirigeants moghols qui désiraient affaiblir la communauté sikh16 ». Aujourd’hui, les sikhs utilisent la danse, la musique et différentes activités culturelles pour commémorer leurs actes de résistance à l’oppression politique et aux pouvoirs religieux17.

Cinq symboles religieux – les cinq K – sont essentiels pour les sikhs ; kesh (le fait de ne pas se couper les cheveux), car ils considèrent que les cheveux sont un don de Dieu ; kangha (un peigne), qui représente le contrôle de soi et la pureté ; kachh (un pantalon court / des sous-vêtements en coton), évoquant la chasteté et la préparation à la guerre ; kara (un bracelet d’acier), symbolisant la retenue et la douceur ; et kirpan (une épée ou une dague de cérémonie), représentant la spiritualité et les luttes des sikhs contre les injustices qu’ils ont subies en tant que groupe minoritaire18.

Le mariage est une étape importante dans la vie des sikhs. Il est célébré avec toute la communauté. Quant aux rites funéraires, les sikhs considèrent qu’ils sont essentiels pour la vie après la mort. Ainsi, ils sont célébrés avec une attention particulière, de la même façon que dans l’hindouisme.

 

LES POINTS COMMUNS ENTRE LES SIKHS ET LES ADVENTISTES

Les adventistes ont de nombreux points communs avec leurs amis sikhs, mais ils l’ignorent souvent. Ceux-ci croient que tous les êtres humains sont égaux en toutes circonstances (ils parlent de « la famille de l’humanité19 ») et quels que soient leur statut, leur niveau social, leur éducation ou leur sexe. C’est la raison pour laquelle ils rejettent la notion de caste. De la même façon, les adventistes ont toujours défendu l’idée que tous les êtres humains ont une valeur infinie, Dieu étant le Créateur de tous.

La déclaration de foi des sikhs est, en bien des points, similaire à la compréhension de Dieu et de son caractère des adventistes : le refus d’adorer des idoles, la conviction que Dieu est accessible sans rituel particulier, la certitude que Dieu est amour et qu’il a créé l’univers entier, l’importance de vivre une relation avec Dieu en servant autrui, le désir d’aimer Dieu et d’aimer son prochain qui est au cœur de l’expérience religieuse.

Les sikhs adorent Dieu dans les gurdwaras, tout comme les adventistes le font dans des églises. Mais dans la tradition sikh, les gurdwaras gèrent souvent des cuisines communautaires permettant de nourrir gratuitement les personnes dans le besoin ainsi que des centres de distribution de vêtements. Les adventistes du septième jour s’efforcent aussi de répondre aux besoins des plus démunis grâce à différentes activités de service et à l’association ADRA (Adventist Development Agency). Aider son prochain sans rien attendre en retour est important pour les sikhs et pour les adventistes.

Comme les adventistes, les sikhs s’abstiennent de consommer de l’alcool, de la drogue et du tabac, car ils considèrent que ces substances sont un obstacle à la relation avec Dieu et au service apporté à autrui. De la même façon, les adventistes du septième jour considèrent que le corps est le temple du Saint-Esprit. Un autre point commun mérite d’être souligné : les sikhs et les adventistes ont une vie spirituelle active – par la prière, la méditation, la louange, l’étude et le chant – mais ils accordent une importance relative aux rituels. Pour eux, le cœur est ce qui compte le plus. Ainsi, la transformation intérieure est essentielle chez les sikhs comme chez les adventistes.

Les sikhs considèrent qu’il est important de vivre sa foi et de faire preuve de cohérence, mais ils n’imposent pas leurs croyances à autrui et ne critiquent pas les autres religions. De la même façon, l’Église adventiste s’efforce de respecter les autres religions et croyances, et elle estime qu’il est important d’établir des liens d’amitié avec les personnes ayant une religion différente.

 

ÉTABLIR DES LIENS ET RESTER FIDÈLE À LA FOI ADVENTISTE

Les sikhs s’intéressent aux autres, quels qu’ils soient. Ils sont désireux de dialoguer et s’efforcent de traiter chacun avec respect. Ainsi, n’hésitez pas à établir des liens avec vos amis sikhs en les écoutant et en échangeant avec eux. Les sikhs croient que le Divin est un être informe qui est présent en tous lieux. C’est donc une occasion pour les adventistes d’entrer en relation avec des sikhs et de partager avec eux leur vision du Dieu créateur et de son amour pour l’humanité.

Les sikhs aspirent à vivre leur foi chaque jour. Vous pouvez donc leur parler sans hésiter de votre parcours avec Dieu et à leur dire qu’il vous guide avec patience et amour, tout en leur demandant aussi de quelle manière ils cheminent avec Dieu. Vous pouvez aussi entretenir vos liens amicaux en participant aux activités qu’ils organisent.

 

De Clifmond Shameerudeen, diplômé de la faculté de théologie d’Andrews, dans le Michigan (États-Unis). Il dirige le centre Global Mission Center for South Asian Religions de la Conférence générale des adventistes du septième jour située à Silver Spring, dans le Maryland (États-Unis).Source : « Comprendre nos amis Sikhs », Dialogue 32 (2020/1), p. 27-29


NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Doris R. Jakobsh, Sikhism (Honolulu: University of Hawaii Press, 2012), Dimensions of Asian Spirituality Series, 17:9.
  2. The Master Guru Nanak (1469‒1539): https://www.sikhs.org/guru1.htm.
  3. Jakobsh, Sikhism, 17.
  4. Sikh Reseaarch Institute, “You Are Divine” (March 09, 2017): https://www.sikhri.org/you_are_divine.
  5. Harinder Singh and Simran Singh, “Sikh Leadership: Established Ideals and Diasporic Reality,” Teaching and Religion 9:2 (April 2006): 133‒138. doi:10.1111/j.1467-9647.2006.00275.x.
  6. Ibid., 135.
  7. Jakobsh, Sikhism, 17:20.
  8. BBC, “Sikh Beliefs” (September 24, 2009): https://www.bbc.co.uk/religion/religions/sikhism/beliefs/beliefs.shtml.
  9. J. S. Neki, “Five Khands (Ram Singh).” In “Concepts of Sikhism,” J. S. Mann and S. S. Sodhi, compilers and editors, 6: http://www.hestories.info/concepts-in-sikhism.html?page=6.
  10. Ibid.
  11. Siks.org, “Sikh Religious Philosophy” (2011): http://www.sikhs.org/philos.htm.
  12. Jakobsh, Sikhism, 17:53.
  13. BBC, “Rites of Passage” (2013): https://www.bbc.co.uk/bitesize/guides/zbg9mp3/revision/1.
  14. “Baisakhi Festival, Punjab”: https://www.indianholiday.com/best-of-india/festivals/baisakhi.html.
  15. Can Teach, “Sikh Festivals and Holy Days” (n.d.): https://www.canteach.ca/elementary/sikhism6.html; BBC, “Diwali” (October 20, 2011): https://www.bbc.co.uk/religion/religions/sikhism/holydays/diwali.shtml.
  16. Ibid., 17:37.
  17. “Ceremony and Festivals,” Sikhism, Religion of Sikh People (2011): https://www.sikhs.org/fest.htm.
  18. BBC, “Sikh Beliefs.”
  19. Opinderjit Kaur Takhar, Sikh Identity: An Exploration of Groups Among Sikhs (London: Routledge, 2016), 30.
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