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TÊTE, COEUR ET MAINS : LE TRIO INCONTOURNABLE DE LA MISSION

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Qu’est-ce que la mission ? Voici la définition que le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) donne du mot mission : « Tâche confiée à une personne ou à un organisme ; charge, fonction, mandat donné à quelqu’un d’accomplir une tâche déterminée ; charge donnée à un fidèle de transmettre un message, d’accomplir une tâche déterminée (1). » Par ailleurs, le terme théologique chrétien en latin missio Dei (2) nous indique que la mission trouve sa source en Dieu, lequel envoie les missionnaires. En se référant à la sphère missionnaire, Stefan Paas déclare : « Nous ne devons pas limiter “la mission” aux pays lointains (3). » En d’autres termes, « une adresse ou un emplacement géographique ne devraient pas définir la mission » (4).

Dans le champ missionnaire, de quoi le succès d’un missionnaire dépend-il ? De l’implication totale de ce dernier — tête, cœur, et mains. Pour changer des vies — y compris la nôtre — nous devons donc nous engager entièrement envers Dieu, servir les autres, et partager le message de l’Évangile.

La tête

La mission commence dans la tête, là où le cerveau — l’organe de la perception — se situe et où notre pensée s’établit. Pour devenir des croyants, notre esprit doit accepter Jésus (5).

L’apôtre Paul dit : « Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus. » (Ph 4.7) En grec, le mot « intelligence » (nous) signifie « esprit », c’est-à-dire la capacité de penser, de raisonner, et de comprendre. Il décrit aussi l’esprit en tant que source des émotions.

Ainsi, le terme grec signifiant « esprit représente la puissance intérieure d’une personne. C’est le centre de contrôle d’un être humain6. » Pour les Grecs, la condition de l’esprit déterminait donc la condition de vie. Ellen White commente : « Quand l’esprit de l’homme est amené en communion avec l’Esprit de Dieu, lorsque le fini est mis en contact avec l’infini, les résultats qui en découlent pour l’esprit, l’âme et le corps sont inestimables.

Dans une telle communion se trouve la plus haute méthode d’éducation. C’est celle même employée par Dieu pour développer les facultés des hommes (7). » Ceci signifie simplement qu’une attitude positive envers Dieu affecte et influence nos pensées, nos sentiments, et notre façon de nous comporter ou d’agir.

Le cœur

Le cœur est le « siège », ou centre, des émotions. C’est là que nous sentons et anticipons ce que nous croyons, et que la Parole de Dieu commence son œuvre de foi. « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ. » (Rm 10.17) La foi n’est pas qu’une application mécanique de la vérité ; elle a aussi la capacité d’influencer nos sentiments. Un missionnaire doit éprouver de la passion pour la mission. Siegfried H. Horn définit la « passion » comme étant « une forte émotion, ou un puissant désir » (8). Le CNTRL y va d’une définition similaire : « Tendance dominante qui, contrôlée par la raison, sert de moteur à l’action, permet la réalisation de grandes entreprises (9) ; vif désir, volonté de ; faire quelque chose avec une extrême ardeur, avec exaltation (généralement avec idée de persistance) » (10).

Toutefois, il importe de se souvenir qu’il existe une différence entre la foi et les sentiments. Si la foi affecte nos sentiments, les sentiments, eux, ne devraient pas affecter notre foi.

Dans sa première épître, l’apôtre Pierre recommanda aux femmes de faire particulièrement attention à « la parure intérieure et cachée dans le cœur » (1 P 3.4, LSG). Le cœur (kardia, en grec) est un organe aussi vital que central du corps. Bien qu’on ne puisse le voir, la vie est impossible sans un cœur. Il a, en effet,

un grand impact sur chaque partie de notre corps alors qu’il pompe le sang vers les artères et les nombreux kilomètres de vaisseaux sanguins. Par conséquent, il influence directement la capacité d’une personne de vivre et de fonctionner. Ici, Pierre ne se réfère évidemment pas à l’organe du cœur ; il donne plutôt au lecteur un puissant aperçu de l’esprit humain.

Les anciens Égyptiens croyaient que « chaque parole divine naissait de la pensée du cœur et du commandement de la langue » (11). À l’instar des anciens Égyptiens, Pierre utilisa le mot « cœur » au sens figuré pour se référer à l’être intérieur, au siège des émotions qui dictent nos actions. En d’autres termes, si notre cœur est rempli de la vie divine, il va pomper cette vie dans tous les aspects de notre être. Par conséquent, tout ce qui se trouve dans notre cœur va se reproduire dans notre vie, notre conduite, et influencer nos rapports avec les autres.

L’esprit est la force vitale de tout être humain. Ellen White l’explique ainsi : « Celui dans le cœur duquel le Christ habite, celui qui proclame son amour, est, avec le Seigneur, l’artisan du bonheur de l’humanité. Tandis qu’il reçoit du Sauveur la grâce qu’il doit communiquer à ses semblables, de tout son être jaillit un flot de vie spirituelle (12). » Christ nous dit que « c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, meurtres, adultères, prostitutions, vols, faux témoignages, blasphèmes » (Mt 15.19). Or, ces choses détruisent la mission et l’unité de l’Église.

L’Église adventiste a une mentalité missionnaire. Rien d’étonnant à ce qu’Ellen White ait attiré son attention sur l’unité. Voici sa recommandation : « Recherchez l’union avec ardeur. Priez, travaillez pour l’obtenir. Elle vous apportera la santé spirituelle, l’élévation de la pensée, la noblesse du caractère, les dispositions célestes ; elle vous permettra de triompher de l’égoïsme, de la méfiance, et d’être “plus que vainqueur” par celui qui vous a aimé, au point de se donner lui-même pour vous (13). »

Russel Browsworth raconte l’histoire de Lord Nelson d’Angleterre, alors qu’il était sur le point de livrer une bataille clé. Ayant appris que deux de ses officiers étaient en conflit l’un envers l’autre, Lord Nelson les appela et leur dit : « Messieurs, donnez-moi chacun votre main. » Les deux capitaines mirent chacun une main dans celles du commandant, et celui-ci les pressa fortement ensemble. « Messieurs, lança-t-il, souvenez-vous : c’est à l’extérieur que se trouve l’ennemi ! » Cette histoire en dit long sur la puissance de l’unité d’action.

Pour arriver à l’unité d’action dans l’accomplissement de notre mission, nous devons suivre Christ, nous enraciner profondément dans sa Parole, passer beaucoup de temps en prière, et proclamer l’Évangile au monde entier. C’est ainsi que nous deviendrons « un sermon incarné » et dirigerons les âmes perdues vers Jésus (voir Mt 28.19).

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Les mains

Les mains symbolisent l’action. Nous travaillons, parlons, servons, et nous battons même avec nos mains. C’est par nos mains que nous signons des contrats, ajustons un microscope, ou jouons d’un instrument de musique. Les mains peuvent exprimer de la joie ou du dégoût. Par conséquent, si la tête et le cœur sont en harmonie avec Dieu à l’égard des missions, les mains, assurément, le seront aussi.

Ainsi, au lieu de ne rien faire, soyons actifs en servant la communauté et en aidant nos semblables. N’attendons pas que les circonstances soient toutes « favorables » pour nous impliquer dans le service. William A. Feather, un éditeur et auteur américain, l’a fort bien exprimé : « Les conditions ne sont jamais entièrement favorables. Ceux qui diffèrent leur action jusqu’à ce que toutes les conditions soient favorables ne feront rien du tout (14). »

Ellen White souligne elle aussi l’importance du travail : « Et nous sommes appelés à travailler avec Dieu. Il nous donne la terre et ses trésors ; mais c’est à nous d’en tirer parti. Il fait pousser les arbres ; mais c’est nous qui préparons le bois pour construire la maison. Il a mis dans la terre l’argent et l’or, le fer et le charbon ; mais c’est seulement à force de travail que nous pourrons les extraire. […] Un travail honnête ne déshonore personne. Ce qui est déshonorant, c’est la paresse et la nécessité de dépendre d’autrui (15). »

« Les conditions ne sont jamais entièrement favorables. Ceux qui diffèrent leur action jusqu’à ce que toutes les conditions soient favorables ne feront rien du tout. »

Tout est dans l’équilibre

Il nous faut embrasser une compréhension équilibrée de la mission, c’est-à-dire une compréhension qui implique la personne tout entière : tête, cœur, et mains. C’est en découvrant vraiment la vérité divine sur la mission que nous aspirerons à nous impliquer. Si les rôles dans la mission varient d’un individu à l’autre, en revanche, nous devons tous faire preuve d’un cœur entièrement engagé envers Dieu et d’un désir de servir là où le besoin se fait sentir. « Que celui qui adore Dieu loue Dieu de sa bouche, lui ouvre son cœur, le contemple par l’esprit, et lui consacre son portefeuille (16). »

Tout compte fait, ce dont il est question ici, c’est de l’amour, de l’amour qui se manifeste par le sacrifice, par une entière consécration à nos semblables, et par la proclamation du message évangélique. Il peut nous en coûter beaucoup d’aimer ainsi ; cependant, les bénéfices en seront éternels (17).

Youssry Guirguis est titulaire d’une maîtrise en religion de l’Université Solusi. Il poursuit un doctorat en études bibliques à l’Institut international adventiste des études avancées, aux Philippines.

1 http://www.cnrtl.fr/de nition/mission.
2 « Mission of God » ou « sending of God ».
3 Stefan Paas, « Prepared for a Missionary Ministry in 21st Century Europe », European Journal of Theology, vol. 20, n° 2, 2011, p. 119-130.
4 Ibid.
5 Certaines ré exions et le titre sont tirés du sermon « The Head, the Heart, and the Hands », de W. Alderman.
6 Rick Renner, « Sparkling Gems From the Greek: 365 Greek Word Studies for Every Day of the Year to Sharpen Your Understating of God’s Word », Tulsa, Okla., Rick Renner, 2003, p. 751.
7 Ellen G. White, Conquérants paci ques, p. 111.
8 Siegfried H. Horn, Seventh-day Adventist Bible Dictionary, éd. rév., 1979, « passion».
9 http://www.cnrtl.fr/de nition/passion.
10 Ibid.
11 Dans MindReach Library, www.cosmic-mindreach.com/ Egypt_Part1.html, consulté le 27 janvier, 2014.
12 Ellen G. White, Conquérants paci ques, p. 15.
13 Idem., Conseils à l’Église, p. 233.
14 www.worldofquotes.com/author/William+Feather/1/index. html.
15 Ellen G. White, Éducation, p. 243, 244.
16 Citation attribuée à Keith Huttenlocker. Voir www.churchesof christ.net/authors/Grady_Scott/thingsbeforeworship.htm.
17 Je suis considérément redevable à Canaan Mkombe (chargé de cours senior de l’Université Solusi) d’avoir fait la relecture de cet article en y ajoutant ses ré exions.

 

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