Je ne suis pas une chanteuse. Oui, je suis musicienne, mais le chant n’a jamais été mon point fort, même à l’âge de trois ans. Pourtant, nous étions là, ma sœur aînée et moi, dans des robes assorties, à chanter une vieille chanson pour enfants des Heritage Singers, avec mon père qui nous accompagnait à la guitare. Mais le public pardonne en quelque sorte aux plus petits leur incapacité à chanter, et ne semble pas s’inquiéter si vous oubliez le moment d’entrer en scène et que votre consciencieuse sœur aînée vous donne un coup de coude sur le côté. Mais ce n’est pas la seule fois où nous avons chanté à l’église. Nous avons chanté à nouveau. Et encore.
Et pourquoi ? Parce que nous étions les filles du pasteur. Je pense que c’est une expérience universelle que les enfants de pasteurs chantent à l’église (ou s’ils ne chantent pas, ils font autre chose devant tout le monde). Certains continuent à chanter à l’âge adulte, bien que mes cordes vocales ne soient jamais allées aussi loin. D’un autre côté, je ne suis pas une fille de pasteur typique. À l’âge de sept ans, mon père prêchait moins, s’étant principalement consacré au monde universitaire. Nous étions cependant une famille pastorale et nous avons dû faire face aux mêmes défis que les autres familles pastorales. Il n’est pas facile d’être parent dans une famille pastorale, et il n’est pas toujours facile d’être l’enfant d’un pasteur. Cependant, je sais que ce qui a le plus aidé mes parents, ce sont les personnes qui se sont regroupées autour d’eux et qui les ont soutenus dans les moments difficiles lorsque ma sœur et moi grandissions. En tant que membres d’église, vous ne voyez peut-être pas en quoi vous participez à la prise en charge de la famille de votre pasteur, mais la manière dont les membres d’église réagissent et se comportent avec eux est essentielle au bien-être des enfants de votre pasteur. Vous et votre communauté pouvez faire plus que vous ne le pensez.
De nombreux enfants de pasteurs ont du mal à répondre aux attentes placées en eux. L’expérience des enfants de pasteurs s’est généralement améliorée avec le temps : les attentes ne sont plus aussi élevées et les membres d’église sont plus compréhensifs. La situation n’est pas aussi extrême que lorsque quelqu’un dit : « Tu es l’enfant du pasteur, tu devrais le savoir » ; cependant, les attentes subtiles qui persistent ont un certain poids. Même un regard ou une parole à l’égard d’un enfant de pasteur qui exprime une déception à un niveau plus élevé que n’importe quel autre enfant peut exercer une pression excessive. Certaines de ces attentes peuvent être inconscientes et nous pouvons ne pas nous rendre compte du mal que nous faisons. Peut-être devons-nous changer d’état d’esprit, nous examiner pour voir si nous n’avons pas des attentes injustes à l’égard des enfants ou des adolescents de nos pasteurs. N’oubliez pas qu’en tant qu’êtres humains, nous ne sommes pas parfaits. Au lieu d’attendre d’un enfant ou d’un adolescent quelque chose que vous ne pouvez pas faire vous-même, pourquoi ne pas lui montrer le Dieu magnifique que nous devrions montrer à tout le monde ? Notre Dieu sait que nous ne pouvons pas être parfaits, et pourtant il nous aime.
Un autre défi pour les enfants du pasteur est celui des redoutables déménagements. Le déménagement est un défi pour tout le monde. En fait, des études montrent que parmi les cinq principaux facteurs de stress de la vie, le déménagement arrive en troisième position, après la mort et le divorce. Les études montrent également que le déménagement est particulièrement difficile pour les préadolescents et les adolescents. Malgré cela, il y a toujours des familles pastorales qui déménagent d’une partie du pays à l’autre et dans certains cas, comme le mien, d’une partie du monde à l’autre. Ce phénomène est en train de diminuer, car de plus en plus de gens se rendent compte de l’impact que cela représente pour les familles, mais il y a encore des familles qui doivent déraciner leurs enfants tous les deux ou trois ans. Chaque déménagement oblige les enfants de pasteurs à quitter leur école et leurs amis (leur vie connue), les projetant dans une vie inconnue, où ils doivent se faire de nouveaux amis dans une nouvelle école. Personne n’aime être le nouveau, et cela peut nuire à la capacité des adolescents à nouer des relations saines, ainsi qu’à leur santé mentale. Le déménagement, aussi nécessaire soit-il, est douloureux, c’est pourquoi nous, membres d’église, pouvons apporter notre aide. Nous pouvons soutenir les enfants de notre pasteur en établissant des liens avec eux et en les mettant en contact avec leurs pairs au sein de la communauté. Incluez-les dans vos événements familiaux si vous avez des enfants du même âge. Encadrez-les, prenez de leurs nouvelles, montrez de l’intérêt pour leur vie et soyez prêts à les approcher même si vous savez qu’ils partiront dans quelques années. Tous les enfants et adolescents ont besoin d’adultes autres que leurs parents, et comme les enfants de pasteurs sont souvent élevés sans leur famille élargie et avec des membres d’église qui les tiennent à distance, ils ne bénéficient pas de ce lien nécessaire. Ils ont besoin que vous les souteniez et que vous leur montriez qu’ils sont aimés et qu’on n’attend pas d’eux qu’ils soient autre chose qu’eux-mêmes.
Enfin, les conflits au sein de l’église peuvent affecter les enfants de pasteurs de plusieurs manières. Lorsque des désaccords surviennent entre les membres d’église et le pasteur, les enfants de ce dernier ont du mal à faire la distinction entre le conflit provenant des membres individuels de l’église et l’église elle-même. Cela peut les amener à blâmer l’église et parfois à la quitter, car ils la considèrent comme un lieu de conflit et d’animosité à l’égard de leur famille. On dit souvent que le ministère est un mode de vie ; le travail d’un pasteur n’est pas simplement un travail de 9h à 17h, un travail que l’on quitte pour rentrer chez soi et retrouver sa famille. Son travail est exposé à toute la famille et à toute l’église. Ainsi, lorsqu’il y a un conflit, il en résulte un stress et un malheur qui irradient la famille et sont ressentis par tout le monde, que l’enfant du pasteur ait cinq ou quinze ans. Même lorsque les parents essaient de protéger leurs enfants des désaccords avec les membres d’église (mes parents se promenaient toujours lorsqu’ils devaient parler d’un conflit existant), les enfants ressentent toujours de l’anxiété, même s’ils ne connaissent pas les détails. Ainsi, lorsque vous êtes impliqué dans un conflit avec votre pasteur, n’oubliez pas que votre comportement et vos paroles affecteront la famille pastorale. Gardez vos discussions aussi privées que possible, mais n’oubliez pas que le pasteur est aussi un être humain, avec les mêmes émotions et les mêmes défis quotidiens, comme n’importe qui d’autre. N’oubliez pas que la famille pastorale n’est pas à l’abri des conséquences d’un conflit.
Les enfants de pasteurs doivent être aimés comme tous les enfants d’église, élevés dans un environnement d’amour et non dans l’attente de la perfection. Ils doivent être traités comme leurs pairs : le fait que leur parent soit pasteur ne signifie en aucun cas que leur comportement doive représenter un standard à suivre. Créez des liens avec eux et aidez-les à entrer en contact avec les autres. Encouragez-les dans leurs forces, au-delà de ce que fait leur famille pastorale. Montrez-leur que l’église est à leurs côtés. C’est ainsi que nous aiderons les enfants de pasteurs à rester dans l’église elle-même. C’est ainsi que nous aiderons les enfants de pasteurs à faire l’expérience de l’amour de Jésus et que nous les convaincront que l’église a quelque chose à leur offrir.
De Ashley Jankiewicz, rédactrice adjointe d’Adventist Record
Source : https://record.adventistchurch.com/2025/02/26/supporting-pastors-kids/
Traduction : Tiziana Calà
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