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PIERRE : HISTOIRE D’UN APPRENTISSAGE ET D’UN MESSAGE

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Dans son premier sermon – « Ce Jésus » – Pierre présenta un grand mystère, une grande merveille. Et le mystère et la merveille sont devenus non seulement le centre de chaque sermon prêché depuis la Pentecôte, mais aussi le seul espoir de trouver un sens à la vie.

Quiconque connaissait Pierre enfant n’aurait jamais pu prédire qu’un jour, il deviendrait prédicateur. Ayant grandi dans le rude quartier d’un village de pêcheurs, il n’avait ni la prestance, ni la motivation pour ce genre de travail. Sa vie était aussi bouillonnante que les vagues de la mer de Galilée. Il attrapait des poissons, sentait le poisson, avait de mauvaises manières et négligeait son apparence. Souvent, il parlait et ne réfléchissait qu’après. Et qu’est-ce qu’il protégeait son territoire ! Personne n’aurait jamais imaginé qu’un jour il deviendrait prédicateur. Lui encore moins que quiconque.

Un jour, son chemin croisa celui de Jésus de Nazareth. Pierre sentit immédiatement qu’il n’avait pas affaire à un homme ordinaire. Ses yeux dégageaient quelque chose d’étrange. Son regard pénétrant, presque chirurgical, semblait vous traverser le cœur. C’est ce que Pierre dut ressentir. « Les yeux du Christ se posèrent sur lui, dit Ellen White, lisant son caractère et l’histoire de sa vie. Sa nature impulsive, son cœur aimant, son ambition, sa confiance en lui-même, sa chute et sa repentance, ses travaux et son martyre, le Sauveur lut tout cela »1. « Suis-moi », lui dit Jésus (Mc 1.17)2. Pierre laissa immédiatement son filet et le suivit sans poser une seule question. Il obéit instantanément. Plus tard, il dira à sa femme que désormais, il serait non plus pêcheur de poissons, mais d’hommes. J’imagine le regard cinglant qu’elle dut lui lancer : à la maison, c’est du poisson qu’on mangeait, pas des hommes !

Devenu disciple de Jésus, Pierre n’était pas sûr de ce que sa vie deviendrait. Cependant, il se sentait particulièrement proche du Maître. Il écoutait ses enseignements, saisissait chaque mot prononcé, s’émerveillait de sa compassion envers les pauvres, de sa sollicitude envers les souffrants, de sa tendresse envers l’humanité déchue, de son indignation devant l’hypocrisie et de sa poursuite incessante des pécheurs. Les miracles, les paraboles, la vie et l’amour de Jésus l’impressionnaient au plus haut point.

Mais qu’est-ce qui avait amené Pierre et ses amis à suivre Jésus ? Une quête intéressée du royaume dont il leur parlait ? Une poursuite égoïste de la gloire au sein de ce royaume qu’ils avaient à l’esprit ?

Pierre n’était pas tout à fait sûr. La vie joue souvent un jeu dangereux et tordu. Et ce jeu ne lui était pas étranger. De temps en temps, il oscillait entre la suprématie et l’abandon de soi, entre le devant de la scène et le rôle de serviteur. À un moment donné, il reçut une révélation spéciale du « Père qui est aux cieux », et confessa que Jésus était « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16.13-20). Mais à un autre moment, alors que Jésus avait le plus besoin de lui, il le renia (Mt 26.69-74). Une autre fois, il marcha avec bravoure sur l’eau, mais la foi céda le pas au doute. Sans la grâce salvatrice de Jésus, ce miracle se serait transformé en tragédie. Pierre fut l’un des trois invités spéciaux appelés à être témoins de Gethsémané – de ce moment où lesort de l’univers oscilla dans la balance. Mais au lieu de veiller et de prier, il se laissa gagner par le sommeil. Il coupa l’oreille d’un serviteur, mais peu après, à la question inquisitrice d’une servante, il perdit toute maîtrise de lui. Souvent, on le considérait comme un être contradictoire – tout comme nous. Peu avant, il s’était écrié : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mc 14.31) ; mais dans la salle de jugement de Pilate, alors que se dessinait l’ombre de la croix, il se rendit coupable de parjure.

Pierre renia son maître. Le remords l’assaillit. Il versa des larmes de repentance. Le ciel fut témoin de ce déchirement, et les anges qui se trouvaient au tombeau ouvert lui annoncèrent, ainsi qu’aux autres disciples, que Jésus avait triomphé de la mort et qu’il était vraiment ressuscité. « Depuis la mort du Christ, Pierre était accablé de remords, poursuivi par le regard plein d’amour et de détresse que le Sauveur avait jeté sur lui. Il ne pouvait oublier la manière honteuse dont il avait renié son Maître ; il a souffert plus qu’aucun autre disciple. Mais il a eu l’assurance que son repentir était accepté et son péché pardonné3. »

Pierre savait que désormais, il faisait inévitablement partie de l’histoire de Jésus.

Et cependant, pourrait-il jamais prêcher cette histoire extraordinaire de Jésus ressuscité ? Plusieurs jours après la résurrection, Jésus rencontra Pierre et ses amis, et leur confirma qu’ils « devaient être les exécuteurs du testament par lequel il léguait au monde les trésors de la vie éternelle »4. Juste avant de monter vers son Père, le Seigneur ressuscité leur dit d’attendre jusqu’à ce qu’ils soient prêts à s’acquitter du mandat qu’il leur avait confié. « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.19,20).

Et ils attendirent… prièrent… méditèrent. Soudain, le jour même de la Pentecôte, alors qu’ils étaient tous ensemble dans un même lieu (Ac 2.1), l’Esprit de Dieu, dans un « bruit comme celui d’un vent impétueux », remplit toute la maison. « Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit » (Ac 2.2-4). Grâce à cette venue de l’Esprit, ils virent pour la première fois l’ensemble du tableau. Toutes les années que Pierre et ses amis avaient passées avec Jésus, toutes leurs interrogations, la croix, le tombeau ouvert, trouvèrent enfin leur sens. Et alors, Pierre se souvint de ce que Jésus leur avait dit : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jn 16.13).

 

LES LEÇONS APPRISES PAR PIERRE

Sans la puissance du Saint-Esprit, sans un engagement total envers la Parole inspirée de l’Esprit, aucune prédication réelle n’était possible. Cela a été la première leçon que Pierre a dû apprendre avant de devenir prédicateur. Ce fut la puissance de l’Esprit qui poussa Pierre à monter en chaire ce jour-là et qui le rendit capable de prêcher son premier sermon. Un prédicateur naît non de l’érudition, de l’éloquence, de la compétence ou de la richesse, mais de l’Esprit. Forgé à partir de l’engagement envers les Écritures, et exprimé par d’humbles lèvres d’argile, un sermon est un miracle opéré par l’Esprit.

Luc, le médecin, consigna soigneusement le premier sermon de Pierre. Il mentionne que l’apôtre était « avec les onze » (Ac 2.14) lorsqu’il commença son sermon. Quelle remarque pertinente ! La prédication de l’Évangile n’est pas un spectacle, ni un divertissement, ni une autoglorification, mais plutôt le partage de la bonne nouvelle du royaume par un représentant du corps du Christ. Ce partage en faveur de ce royaume se fait ensemble, avec les sujets du royaume. La prédication échoue lorsque le corps de Jésus est divisé. Un prédicateur et le croyant partagent la plateforme commune de la grâce de Dieu et de son mandat évangélique.

Ce jour-là, le sermon de Pierre ne fut pas un incident ordinaire. Aucun sermon ne l’est. Toute sa vie semblait l’y avoir préparé, même s’il n’en avait pas été conscient. Le Saint-Esprit donna au rude apôtre le moyen de prêcher son message dans une perspective et un contexte appropriés. Premièrement, il y a la perspective de la Parole de Dieu. Près de 50 pourcent du sermon de Pierre se compose de citations de l’Ancien Testament. Un sermon qui ne jaillit pas de la Parole de Dieu ne peut donner vie à cette Parole. Comment, en effet, pourrait-on parler de la Parole incarnée sans la Parole inspirée ? Un sermon doit donc commencer par cette compréhension et s’enraciner profondément dans la révélation divine. C’est cette perspective biblique, illuminée par le Saint-Esprit, qui conduisit les apôtres à relier ce qui se passait ce jour-là à la prophétie de Joël. « Mais c’est ce qui a été dit », tonna Pierre (Ac 2.16, NBS). La prédication doit pouvoir relier le présent au passé, et ensuite, pointer vers l’avenir. La vie des enfants de Dieu doit être vécue à la lumière des œuvres puissantes de Dieu du passé et de ses promesses pour l’avenir. Une fois la relation établie, le ministère prend une nouvelle dimension : nous devenons de simples outils dont le Saint-Esprit se sert pour transformer des vies.

Deuxièmement, l’Esprit permit à Pierre de prêcher dans le contexte d’une urgence eschatologique. L’apôtre était déterminé à démontrer à ses auditeurs qu’ils vivaient dans les derniers jours de l’histoire de la terre, et qu’il n’y avait pas une minute à perdre. La prédication devrait toujours véhiculer une telle urgence du temps de la fin. Ce n’est pas qu’il faille projeter la vision utopique d’un scénario fictif enflammé et terrifiant ; ce qu’il faut, c’est présenter, à partir d’une perspective prophétique, la réalité de notre espérance du royaume et du retour imminent de notre Seigneur. La prédication authentique est donc une prédication prophétique – pas tant une prédiction qu’une déclaration, intrépide et courageuse, exaltant le Christ, menant à la confession des péchés et à la transformation de la vie. À la Pentecôte, le prophète Joël (2.28- 32) vint en aide à Pierre, et celui-ci transmit à ses auditeurs la ferveur de Joël sur la fin des temps en leur disant : « Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Ac 2.21).

Discernez-vous un autre point homilétique important ici ? Même si un sermon confirme la dimension eschatologique de la vie chrétienne, il ne devrait pas éviter les contraintes de la vie présente. Il devrait plutôt parler de la vie rédemptrice ici et maintenant, puis amener les auditeurs à invoquer« le nom du Seigneur » et à recevoir le salut.

 

LE PREMIER SERMON DE PIERRE

En ce jour de la Pentecôte, que prêcha donc Pierre ? En un mot, Jésus. Pour Pierre et pour les disciples, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute : « Les disciples devaient accomplir leur œuvre au nom du Christ. Chacune de leurs paroles, chacun de leurs actes allait fixer l’attention sur son nom, car il possédait le pouvoir vital par lequel les pécheurs étaient sauvés. Leur foi se concentrerait sur lui, source de miséricorde et de puissance. En son nom, ils présenteraient leurs requêtes au Père pour qu’ils reçoivent une réponse. Ils devaient baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il fallait que le nom du Christ soit leur mot d’ordre, l’insigne qui les distinguerait, l’autorité sur laquelle s’appuierait leur action, et la source de leur succès. Tout, dans son royaume, devait porter son nom et sa suscription5. »

Dans le sermon de Pierre prêché le jour de la Pentecôte, nous découvrons une concentration sur Jésus à quatre volets : le Jésus humain, le Jésus divin, le Jésus vivant, et le Jésus éternel.

 

LE JÉSUS HUMAIN

Jésus doit être le centre de chaque sermon. En guise d’accroche de votre sermon, vous pouvez toujours parler de la doctrine, du style de vie, de l’éthique, d’une parabole, d’un miracle ou d’un passage biblique particulier. Pour le style du sermon, vous pouvez choisir entre la narration, l’exposition, l’exégèse ou l’histoire. Vous pouvez y aller d’une réflexion sur les expressions personnelles du psalmiste, la perspective prophétique de Jérémie, le fondement théologique jeté par Paul ou le tonnerre apocalyptique de Jean. Cependant, l’objet décisif doit être, encore et toujours, Jésus – élevez Jésus, louez-le et attirez vos auditeurs à lui. Autrement, ce que vous dites ne peut pas vraiment être un sermon.

Le jour de la Pentecôte, Pierre veilla à ce que ses auditeurs ne se méprennent pas sur son thème et à ce qu’ils ne pensent surtout pas que ceux qui étaient devant eux n’étaient que des bavards complètement ivres. Il attira leur attention sur « ce Jésus » (Ac 2.22-36). À plusieurs reprises, il se référa au Sauveur pour qu’ils sachent qu’ils n’en avaient pas encore fini avec lui. S’ils pensaient s’être débarrassés de Jésus sur le Calvaire, ils se trompaient lourdement. Jésus est le Poursuivant éternel. Il vit. Il rencontre des individus tous les jours et désire qu’ils prennent une décision.

Pour éviter toute méprise, Pierre l’appela Jésus de Nazareth. La prédication chrétienne doit laisser le Jésus historique confronter la congrégation en tant que personne humaine réelle. Ce Jésus que nous adorons et prêchons n’est pas un personnage mythologique, ni un héros fictif créé par quelque géant littéraire ou fanatique religieux. Il est un personnage historique réel. Il est né à Bethléhem, a vécu à Nazareth, a enseigné en Galilée, a souffert sous Ponce Pilate et a été crucifié à Jérusalem. Il a marché avec des hommes et des femmes, a parlé avec eux, mangé avec eux, a été tenté comme eux.

Jésus est bel et bien réel ! Sa divinité est réelle. Son humanité aussi. Sans cette réalité, il n’existe ni christianisme, ni prédication chrétienne. Jésus est celui par qui Dieu envahit notre sphère humaine pour régler le problème du péché une fois pour toutes. Il est le chemin divin, le seul chemin menant à notre salut, « car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4.12).

« Aller au Christ n’exige pas un effort mental pénible et douloureux, dit Ellen White ; il s’agit simplement d’accepter le salut de Dieu aux conditions clairement établies dans sa Parole. Cette invitation nous est adressée […] Venez donc, cherchez et trouvez. Le réservoir de la puissance est ouvert, bien rempli et d’accès libre. Venez avec des cœurs humbles, sans penser que vous devez d’abord mériter la faveur de Dieu par quelque bonne œuvre, ou que vous devez devenir meilleur avant de vous présenter devant le Christ. Vous êtes impuissants pour faire ce qui est bien ; vous êtes incapables d’améliorer votre condition. Pas de mérite, pas de justice en dehors du Christ. Notre état de péché, notre faiblesse nous placent dans l’impossibilité de paraître devant Dieu à moins d’être revêtus de la justice immaculée du Christ. Il faut que nous soyons trouvés en lui ayant non pas notre propre justice, mais celle qui existe en Christ. Alors au nom qui est au-dessus de tout nom, le seul nom donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés, réclamez-vous de la promesse divine6. »

Lorsque Pierre parla de « ce Jésus » – seul moyen de salut divin – il présenta au monde un grand mystère, une grande merveille. Et le mystère et la merveille sont devenus non seulement le centre de chaque sermon prêché depuis la Pentecôte, mais aussi le seul espoir de trouver un sens à la vie. Même Pierre et ses amis, qui ont vu Jésus en chair et en os, qui ont parlé en tant que témoins oculaires de tout ce qu’il était et de tout ce qu’il avait fait, ne pouvaient pas tout comprendre à son sujet. Le Jésus humain demeure le mystère éternel. Il est Dieu-homme.

 

LE JÉSUS DIVIN

C’est le second point que Pierre voulait faire comprendre à ses auditeurs. Jésus était un homme de Nazareth. Nous savons cela. Mais il n’était pas un homme ordinaire ! Ce qu’il était et faisait était selon « le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu » (Ac 2.23). La mission de Jésus ne résultait pas d’une autodécouverte ou d’une réalisation de soi. Les grands dirigeants religieux sont entrés fortuitement dans l’histoire, ils ont eux-mêmes découvert leur rôle, et ils ont essayé de diriger leurs disciples vers quelque grand Everest social ou moral. Jésus n’est pas un tel dirigeant, un tel enseignant. Jésus est Dieu, envahissant l’Histoire dans l’espace et le temps pour exécuter le plan établi « dès la fondation du monde » (Ap 13.8).

Voyez-vous, les habitants de Jérusalem, sans exclure les prêtres et les rabbins, les pharisiens et les sadducéens, pensaient qu’ils avaient affaire à un homme – à un enseignant gênant, un faiseur de miracles, une personne intègre ou un prophète s’érigeant en juge, et dont la vie était un reproche constant de la leur… Ils choisirent donc la croix et rentrèrent chez eux, heureux d’avoir enfin réglé le problème. Ils auraient pu avoir raison, mais voilà, Jésus n’était pas un homme ordinaire ! Il est Dieu. « Ce Jésus que vous avez crucifié, ce Jésus, Dieu l’a ressuscité », s’écria Pierre à la multitude rassemblée à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Le tombeau ne pouvait le retenir. Il ressuscita en puissant Conquérant du péché, de la mort et de Satan.

Un sermon doit comporter des preuves solides. De quelles preuves Pierre disposait-il pour y aller d’une telle affirmation ? L’apôtre avait deux preuves à offrir. Premièrement, il revint à la Bible. Aucun prédicateur ne dispose d’une base solide, si ce n’est de la Parole à laquelle il doit constamment revenir. Pour les Juifs, la croix était, à l’époque, un symbole de honte. Ils maintenaient que « celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (Dt 21.23). Par conséquent, le Jésus crucifié ne pouvait être le Messie. Mais Pierre voulait que ses auditeurs sachent qu’ils avaient laissé leurs idées erronées modeler et limiter leur Dieu. Leur suffisance leur avait voilé les desseins divins. Si seulement ils avaient mis leurs préjugés de côté et avaient considéré la Bible comme unique source de vérité, ils auraient compris que la croix, loin d’être un accident, était « selon le dessein arrêté [grec : boulê] […] de Dieu » (Ac 2.23). La croix de Jésus est la boulê de Dieu, la réponse irrévocable, inaltérable au problème du péché. La parole prophétique prédisait non seulement la croix, mais aussi la résurrection. L’apôtre a attiré l’attention de l’auditoire sur les prédictions des prophètes, à savoir qu’un Messie non seulement mourrait, mais aussi que son corps ne verrait pas la corruption. Pierre leur parla du Jésus ressuscité (Ac 2.25- 31 ; voir Ps 16.8-11).

Alors que ses auditeurs s’abreuvaient à l’interprétation du psalmiste, Pierre leur donna une seconde preuve de la divinité de Jésus : il était lui-même un témoin oculaire. Quel que soit le lieu où il prêchait, il avait l’avantage de connaître Jésus personnellement. Il pouvait parler de sa belle-mère atteinte de fièvre, des cinq mille personnes nourries, de l’homme à la piscine, des dix lépreux, de Lazare, du baiser de Judas, de son propre reniement, et par-dessus tout, de la croix. Il pouvait aussi parler de la résurrection. Il fut parmi les premiers disciples à en être témoin – même si la foi de Marie-Madeleine éclipsa la sienne ! Mais, c’est cela la beauté de voir Jésus ; ce qui importe, c’est le fait, et non pas qui l’a vu en premier… Lorsqu’on est un témoin, on parle avec autorité, et le Saint-Esprit convainc les auditeurs. Si on n’a pas vu Jésus, si on ne l’a pas touché, si on ne lui a pas parlé aujourd’hui, inutile d’essayer de prêcher un sermon ! Pendant sa prédication, Pierre ne dit pas une seule fois « c’est possible… », « il est raisonnable de supposer que… », ou « j’ai l’intuition que… ». La proclamation n’est pas une théorie ou une probabilité ; c’est le partage d’une certitude ; c’est le récit d’un témoin oculaire de ce que le Seigneur a fait et peut faire ; c’est la déclaration du Jésus divin et ressuscité.

 

LE JÉSUS VIVANT

Dans son premier sermon, Pierre avait une troisième vérité importante à transmettre : le Jésus ressuscité est monté au ciel. De nouveau, il a fait appel aux Écritures et a attiré l’attention de ses auditeurs sur la prophétie de David : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied » (Ac 2.34,35 ; voir Ps 110.1). L’apôtre montra à partir des Écritures comment cette prophétie s’appliquait à Jésus. Le peuple de Jérusalem pensait qu’en enterrant à tout jamais la personne de Jésus, son nom, et ses enseignements dans un tombeau scellé, ils en auraient bel et bien fini avec lui. Pilate se lava les mains. Les prêtres rentrèrent chez eux avec la satisfaction d’avoir supprimé celui qui les avait troublés au plus au point. Judas, le traître, n’attendit même pas pour voir ce qui allait se passer. Mais « ce Jésus » n’était pas une personne ordinaire ! Aucun tombeau ne pouvait le retenir. Aucune puissance politique ne pouvait l’éliminer. Aucune hiérarchie religieuse ne pouvait stopper la puissance de sa présence. Et ensuite, qu’est-il arrivé à Jésus ?

Il est ressuscité, est monté vers le trône céleste, et s’est assis à la droite du Père, ses ennemis lui servant de marchepied. La prophétie foisonne d’images symboliques ! Les prédicateurs devraient faire attention à la façon dont ils interprètent ces symboles. Pour Pierre, ils ne suscitaient aucune difficulté. Il devrait en être ainsi pour nous. L’ennemi de Jésus, c’est Satan. À la croix, il a été écrasé, vaincu, condamné. Dans la grande controverse cosmique entre le bien et le mal, Jésus est devenu l’ultime vainqueur ! C’est donc à juste titre qu’il occupe la position de puissance et d’autorité à la droite du Père.

Et alors ? Pierre savait que cette question traverserait l’esprit de son auditoire à Jérusalem. Le temps était donc venu de leur expliquer ce que Jésus voulait dire : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. » (Ac 2.36)

Nous voilà au point critique de son sermon ! Les milliers d’individus qui l’écoutaient ce jour-là venaient des contrées lointaines de l’Empire romain. Deux facteurs de leur vie les préoccupaient : une réalité présente et une espérance future. La réalité présente, c’était qu’ils étaient sous la férule de César, leur seigneur au quotidien – un seigneur vengeur, tyrannique. L’espérance qui les animait, c’était la venue du Messie, le Christ. Sachant fort bien ceci, il voulut toucher leurs émotions et leurs craintes les plus profondes. Il leur dit que « Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Ac 2.36). « Ce Jésus » est votre Seigneur rempli d’amour, de sollicitude, de bienveillance. Votre Messie. Votre réalité présente. Votre espérance future.

Lorsqu’on présente Jésus en des termes aussi pénétrants, la réponse est inévitable. Les gens « eurent le cœur vivement touché » (Ac 2.37). Un sermon enraciné dans la Parole inspirée, témoignant de la croix et de la résurrection, et rempli de la puissance de l’Esprit, ne peut que conduire les auditeurs à demander : « Que ferons- nous ? » Aucun sermon ne devrait se terminer sans que quelqu’un ne pose cette question. La prédication n’est ni un divertissement, ni une information, ni un spectacle qu’on anime. La prédication, c’est parler de « ce Jésus », conduire les auditeurs à sa croix, leur montrer ses plaies, leur offrir l’espérance du salut, et les inviter à l’accepter en tant que Seigneur et Sauveur. Un sermon qui ne donne pas aux auditeurs une occasion de répondre à Jésus ref lète soit la timidité du prédicateur, soit son manque de confiance dans le contrôle du Saint-Esprit sur les vies et les événements.

Le contenu de la réponse ne prescrit pas une conformité légaliste à une routine ou à une doctrine, à une institution ou à un style de vie. Ces choses sont importantes, sans l’ombre d’un doute ! Mais Pierre voulait que ses auditeurs comprennent clairement la question centrale de laquelle leur destinée éternelle dépendait : « Qu’allons- nous faire avec ce Jésus-homme ? »

 

LE JÉSUS ÉTERNEL

Pierre a rappelé clairement l’ardeur avec laquelle ses auditeurs avaient posé cette question quelques semaines plus tôt. Certains d’entre eux, s’émerveillant alors de la Pentecôte, avaient demandé qu’on mette Jésus à mort. Ils avaient vociféré : « Crucifie-le, crucifie-le ! » Maintenant, ils voulaient savoir ce qu’il fallait faire avec ce Jésus ressuscité. Un prédicateur ne doit jamais perdre espoir en ses semblables. Aujourd’hui, quelqu’un peut rejeter votre parole ; mais demain, l’espérance peut y faire entrer le Seigneur. Il y a de la puissance dans le sang de Jésus pour condamner, convaincre, transformer. Tout ce que nous devons faire, c’est suivre les paroles de Jésus : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12.32).

C’est tout ! Exaltons Jésus, et il fera le reste. En ce jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit a inspiré à l’apôtre les paroles de son appel final : « Repentez- vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2.38,39).

 

UN RÉSULTAT EXTRAORDINAIRE

Un sermon efficace doit mener à la repentance, à un changement de vie. La repentance doit amener le pécheur au baptême au nom de Jésus. Elle doit consolider le saint dans la réception du Saint-Esprit. Elle doit proclamer l’universalité de l’Évangile aux juifs et aux païens, à ceux qui sont ici et à ceux qui sont « au loin », à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. « Se repentir signifie littéralement “changer son esprit” quant à la personne de Dieu (il est le Seigneur, le Juge, et le Sauveur de toute la terre), et quant à où trouver la vie (non en vivant de façon égoïste et rebelle, mais dans une humble confiance et obéissance envers Dieu). De façon pratique, ceci implique un changement de cap. Nous cessons de nous éloigner de notre Dieu saint, et nous nous tournons vers Christ, car c’est de lui seul que nous recevons pardon, miséricorde, direction et dessein. Le cœur repentant, nous reconnais- sons que nous ne pouvons nous sauver nous-mêmes – seul Dieu le peut7. »

Les résultats du sermon de Pierre vous surprennent-ils ? Là où est la Parole, là où est la prédication de la croix et de la résurrection, là où est l’Esprit, là est la puissance, et l’Église grandit. C’est le message de Pierre. Et c’est là le défi qu’il nous faut relever.

 

De John M. Fowler (titulaire d’une maîtrise de l’université de Syracuse, à Syracuse, dans l’État de New York ; d’une maîtrise ainsi que d’un doctorat en éducation de l’université Andrews, à Berrien Springs, dans le Michigan) est rédacteur de Dialogue, et ancien directeur adjoint du Département de l’éducation de la Conférence générale.

Source http://dialogue.adventist.org/fr/2289/pierre-histoire-dun-apprentissage-et-dun-message

  • Notes et références
  1. Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 121.
  2. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Segond 1910.
  3. Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 794.
  4. Idem., Conquérants pacifiques, p. 27.
  5. Ibid.
  6. Idem., Messages choisis, vol. 1, p. 391.
  7. Life Application Bible Commentary: Acts, Tyndale House Publishers, Inc., Wheaton, IL, 1999, p. 37.
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