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Les preuves matérielles du contraire

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Il n’existe aucun argument rationnel et décisif qui pourrait prouver l’existence de quoi que ce soit dans le domaine spirituel. D’où la foi !

Dans un article publié en 2009 dans The Atlantic, « All Evidence to the Contrary1 », Lane Wallace relate l’histoire d’Everett Ruess, un jeune homme très doué qui, en 1934, avait décidé de rejeter toute forme de civilisation. Avec deux bêtes de somme – des ânes domestiqués, manifestement l’une de ses rares concessions à la société – il s’est rendu dans une partie inexplorée de la région désertique de l’Utah, et plus personne n’a jamais entendu parler de lui.

Le temps passant, diverses théories ont été élaborées concernant sa disparition : il était tombé d’une falaise, il avait été emporté par une crue soudaine, il avait été tué par des Indiens. Mais personne n’a jamais su réellement ce qui lui était arrivé et Ruess est devenu un héros populaire dans l’ouest du pays. Certaines personnes ont même considéré que sa disparition avait une dimension spirituelle.

Puis, en 2009, après avoir passé une dizaine d’années à faire des recherches, David Roberts, l’un des rédacteurs de la revue National Geographic Adventure, a découvert un squelette dont l’ADN était apparenté à celui des descendants de la famille Ruess. Il a aussi recueilli le témoignage d’un homme affirmant que Ruess avait été tué par deux membres de la tribu Ute qui voulaient s’emparer de ses ânes.

Mais il est intéressant de souligner, comme le fait Lane Wallace dans son article publié dans Atlantic, que ceux qui croyaient fermement au mythe d’une disparition mystique de Ruess dans cette région désertique ont rejeté ces explications. En fait, ils ont même été très en colère. Après la publication de son article, Lane Wallace a reçu de nombreux mails virulents dont certains étaient même menaçants.

Les gens n’acceptent pas que l’on détruise les mythes auxquels ils croient.

Cette réaction négative est un exemple de la façon dont des informations nouvelles sont assimilées par des personnes ayant de fortes convictions. « Quand certaines personnes ont une opinion particulière sur un sujet donné, toute preuve allant à l’encontre de leur mode de pensée peut créer en eux une ‘discordance cognitive’ – un malaise dû à la présence de deux idées contradictoires dans leur esprit. L’une des façons de régler ce problème de discordance consisterait à changer d’avis ou de perspective. Mais les chercheurs ont constaté que de nombreuses personnes décident de nier le fait qu’il existe une contradiction en recherchant des informations ou des arguments allant dans le sens de leur position et en réfutant ou en niant toutes les preuves qui ne correspondent pas à leur façon de voir, même si cela implique d’avoir recours à un raisonnement peu fiable ou erroné2, » selon Lane Wallace.

La première de ces réactions – la sélection d’informations allant dans le sens désiré – est de plus en plus courante. Dans le contexte de polarisation idéologique qui prévaut actuellement dans la société américaine, chaque camp s’appuie exclusivement sur des sources d’informations qui confortent son point de vue sur le monde. Une étude menée en 2014 par le Pew Research Center a analysé de quelle façon les gens s’informaient : par les différents canaux d’informations, par les réseaux sociaux ou en discutant avec leurs amis. « Dans ces trois domaines, l’étude conclut que les personnes ayant des positions idéologiques très marquées à gauche ou à droite n’utilisaient pas les mêmes canaux d’informations que les personnes ayant des opinions politiques plus nuancées3. »

La deuxième réaction – le rejet de preuves irréfutables – est également manifeste dans cette polarisation. Lane Wallace met l’accent sur une tendance plus troublante encore en citant une étude sociologique menée par des chercheurs de quatre universités4. « Même lorsqu’on leur présente des faits irréfutables et établis provenant de sources sûres, de nombreuses personnes trouvent le moyen de les rejeter. Mais l’aspect le plus intéressant – ou troublant – de cette étude […] est le fait que présenter des preuves, des faits ou des arguments supplémentaires les conforte dans leur position. Ainsi, lorsque des faits additionnels contraires à leur point de vue sont avancés, cela ne fait qu’accroître leur discordance cognitive. Ces personnes éprouvent donc le besoin d’apaiser leur malaise en adoptant des positions encore plus tranchées5. »

Tout ceci peut sembler concerner uniquement le domaine des sciences politiques, mais nous pouvons faire des observations similaires au sujet de personnes qui sont en désaccord dans le domaine des croyances comme la foi et la science.

Dans son livre intitulé The Atheist’s Guide to Reality: Enjoying Life Without Illusions, Alex Rosenberg aborde quinze questions que se posent les êtres humains depuis toujours – des questions telles que « Quelle est la véritable nature de la réalité ? » « Dieu existe-t-il ? » « Quel est le sens de la vie ? » « Avons-nous une âme6 ? »

Alex Rosenberg répond à ces questions avec pertinence et en faisant preuve de bienveillance, ce qui n’est pas si courant chez les athées. (Il préfère le terme scientisme au terme athéisme car, dit-il, il préfère être défini par ce qu’il croit – ce qu’il appelle le scientisme – plutôt que par ce qu’il ne croit pas – le théisme.) « Étant donné ce que nous savons grâce à la science, écrit-il, les réponses à ces questions sont assez évidentes. Il est intéressant de noter qu’elles sont tout à fait irréfutables, à condition de faire confiance à la science qui permet d’apporter ces réponses7. »

Le terme « confiance » évoque d’autres mots comme « croyance », « foi », « loyauté », « conviction ». On peut également penser à des termes plus forts, comme « certitude ». Mais même les athées les plus fervents utilisent fréquemment des éléments de langage montrant que la foi joue un certain rôle dans leurs convictions. Cependant, ils n’acceptent que les preuves matérielles qu’ils peuvent observer. « Nous faisons confiance à la science et nous considérons qu’elle est le seul moyen d’acquérir des connaissances8 », déclare Alex Rosenberg. (Dans cette déclaration, nous trouvons de nouveau l’idée de « confiance ».)

Pour les chrétiens, il n’existe aucun argument rationnel et décisif qui pourrait prouver l’existence de quoi que ce soit dans le domaine spirituel. Ce domaine implique bien évidemment la foi. Les chrétiens font confiance aux Écritures – et non aux observations humaines – qui sont l’expression ultime de leur foi. « Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est manifeste. » (Hébreux 11.3)

« L’espérance chrétienne consiste à faire confiance à l’esprit plutôt qu’aux sens, écrit William Barclay. Les sens disent : […] ‘Profitez de ce que vous pouvez toucher et goûter, appréhender et apprécier.’ […] Les sens nous disent de profiter du moment présent ; l’esprit nous dit qu’il existe quelque chose qui va bien au-delà de cela. Le chrétien croit à l’esprit plutôt qu’aux sens9. »

Quand le domaine de la science est ouvert à quelque chose qui va plus loin que le monde matériel, alors les réponses immatérielles que l’on peut apporter aux questions existentielles semblent prendre du sens. Comme le dit l’apôtre Paul, « nous regardons, non pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; car ce qui se voit est éphémère, mais ce qui ne se voit pas est éternel » (2 Corinthiens 4.18)

De Gary B. Swanson, titulaire d’une maîtrise en éducation de l’université de Loma Linda en Californie, aux États-Unis, anciennement directeur adjoint du département de l’École du sabbat et des Ministères personnels de la Conférence générale, à Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis.
Source : « Les preuves matérielles du contraire », Dialogue 31 (2019/2), p. 24-25


Notes et références

  1. Lane Wallace, “All Evidence to the Contrary,” The Atlantic, September 25, 2009 : http://www.theatlantic.com/national/archive/2009/09/all-evidence-to-the-contrary/27209.
  2. Ibid.
  3. Amy Mitchell et al., “Political Polarization and Media Habits”, October 21, 2014 : http://www.journalism.org/2014/10/21/political-polarization-media-habits.
  4. Northwestern University, University of North Carolina at Chapel Hill, State University of New York at Buffalo, Millsaps College.
  5. Wallace, “All Evidence to the Contrary.” Italiques dans le texte original.
  6. Alex Rosenberg, The Atheist’s Guide to Reality: Enjoying Life Without Illusions, New York, W. W. Norton, 2011, p. 2, 3. 7.
  7. Ibid., 2, Italiques ajoutés.
  8. Ibid., p. 20.
  9. William Barclay, The Letter to the Hebrews, Philadelphia, Westminster Press, 1976, p. 129.

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