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Les écrits d’Ellen White : une loupe prophétique pour notre époque

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La Bible rapporte maints événements historiques où tout semble perdu : culte, activités du temple, vie religieuse, et tout le reste. L’histoire de Josias en est un bon exemple. Confronté à une situation historique lamentable, le jeune roi « fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et il marcha dans les voies de David, son père ; […] il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des idoles, des images taillées et des images en fonte » (2 Ch 34.2,3)1. Pleinement engagé envers Dieu, Josias entreprit une réforme et supprima les idoles dans toutes les tribus d’Israël. Après avoir « purifié le pays » du culte des idoles (34.8), il ordonna la restauration du temple négligé depuis longtemps. Au cours de cette restauration, le sacrificateur trouva « le livre de la loi » dans les décombres (34.14). On l’apporta au roi Josias et on lui en fit la lecture.

En réfléchissant aux paroles du livre sacré, Josias constata que son royaume était aux prises avec de graves problèmes. « Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements. » (34.19) Il avait fort bien compris les mots du livre : la langue, la grammaire, la syntaxe et le contexte étaient très clairs pour lui. Il envoya alors une délégation pour « consulter l’Éternel » (34.21). Cette délégation se rendit auprès de la prophétesse Hulda, laquelle servit de loupe, en quelque sorte, pour révéler à Israël et à Juda les implications du message de ce livre, et pour les expliquer au roi et à son peuple.

Notez combien de fois ce récit fait référence au livre de la loi : « Le sacrificateur Hilkija trouva le livre de la loi de l’Éternel donnée par Moïse » (34.14) ; il en informa Schaphan le scribe, en ces termes : « J’ai trouvé le livre de la loi dans la maison de l’Éternel » (34.15) ; « Schaphan apporta le livre au roi » (34.16). On fit des efforts délibérés et répétés pour le mettre davantage en évidence. À lui seul, le chapitre 34 fait référence au livre une quinzaine de fois environ. Aujourd’hui, cette histoire offre un parallèle intéressant avec les écrits d’Ellen G. White par rapport à la Bible.

La compréhension des Écritures nécessite des outils d’interprétation. Si les réflexions d’Ellen G. White fournissent de tels outils, en revanche, ceux-ci ne remplacent pas une étude rigoureuse des Écritures. Par exemple, lors des congrès de 1848-1850 portant sur le sabbat et les sanctuaires, le développement doctrinal de l’Église était profondément et principalement axé sur l’étude des Écritures. De temps à autre, Dieu fournissait une loupe prophétique à un passage des Écritures pour confirmer une doctrine ou pour éclairer les étudiants assidus de la Bible. Cette loupe se trouvait souvent dans la voix et la plume d’Ellen G. White. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas entièrement son ministère, il est impératif que nous jetions d’abord un bref coup d’œil sur le rôle d’Ellen White dans le développement du mouvement adventiste.

 

LE RÔLE D’ELLEN WHITE ENTRE 1844 ET 1852

La loupe prophétique pour notre temps a été révélée lorsqu’en décembre 1844, Dieu a donné une vision à la jeune Ellen Harmon – c’est-à-dire quelques semaines après la grande déception de 1844 où, contrairement aux attentes des millérites, Jésus n’est pas revenu2. Dieu a donné à ces croyants une lueur d’espérance par le biais d’une vision dans laquelle Ellen a vu « le peuple adventiste en route pour la sainte cité. Si cette vision n’expliquait pas le désappointement, […] elle donnait l’assurance que Dieu conduisait les adventistes et continuerait à les conduire comme il l’avait fait lors de leur voyage vers la cité céleste3. » Cette vision a incité de nombreux croyants désemparés à revenir à l’étude de la Parole de Dieu. Elle a encouragé les premiers adventistes et s’avère encore utile aujourd’hui lorsque l’œil n’a qu’une vision très floue des événements. Elle nous ramène à l’étude de la Parole de Dieu.

Puis est venue la période de 1848-1850 où, grâce à une étude approfondie des Écritures, les principales croyances doctrinales de l’Église adventiste naissante ont été développées. Durant cette période, Ellen White a déclaré : « Mon esprit était fermé, et je ne pouvais saisir la signification des passages que nous étudiions. C’était l’une des grandes tristesses de ma vie. Je restai dans cette condition jusqu’à ce que tous les points principaux de notre foi aient été rendus clairs à mon esprit, en harmonie avec la Parole de Dieu. Les frères savaient qu’en dehors de mes visions, j’étais incapable de comprendre ces sujets, et ils acceptaient comme venant directement du ciel les lumières qui m’étaient révélées4. »

Ainsi, le développement des doctrines des premiers adventistes a été fondé non sur les visions d’Ellen White, mais plutôt sur une étude rigoureuse de la Bible. « Lorsque nos frères avaient épuisé toutes leurs ressources, Ellen White recevait la lumière qui leur permettait d’expliquer les difficultés et leur ouvrait la voie pour aborder d’autres études. Les visions confirmaient aussi la véracité de leurs conclusions. Le don prophétique corrigeait donc les erreurs et confirmait la vérité5. »

Lors des congrès bibliques de 1848 à 1852, les adventistes se sont heurtés à une impasse doctrinale et théologique. James White, dans un article publié en 1868, évoquait une impasse à la fin des années 1840 relative à la question du commencement du sabbat. Dans cet article, il a raconté les événements entourant le passage du début du sabbat à 18 heures au début du sabbat au coucher du soleil, à partir de trois points de vue différents sur cette question : 1) le sabbat commence au lever du soleil le septième jour ; 2) il commence à 18 heures le vendredi soir ; et 3) il commence au coucher du soleil le vendredi et se termine au coucher du soleil le samedi. Il y a eu des arguments solides de tous les côtés. À la fin du congrès qui s’est tenu à Battle Creek, Ellen White a reçu une vision dans laquelle Dieu lui a révélé la bonne interprétation : le sabbat commence au coucher du soleil le vendredi6.

Ce dénouement a suscité une polémique : Pourquoi cette rectification est-elle arrivée aussi tardivement ? La réponse de James White est pertinente : « Pour ma part, j’ai toujours été reconnaissant de ce que Dieu a corrigé l’erreur en son temps et n’a pas souffert l’existence d’une division malheureuse parmi nous sur ce point. » Il a ajouté : « Il me semble que sur les questions bibliques, le Seigneur ne désire pas enseigner son peuple par les dons de l’Esprit tant et aussi longtemps que ses serviteurs n’ont pas sondé diligemment sa Parole. Lorsque nous avons sondé les Écritures sur la question du commencement du sabbat, et que les grandes lignes de cette question ont été établies, mais que certains risquaient de ne pas être en harmonie avec le corps sur cette question, alors, oui, Dieu est intervenu pour magnifier sa bonté dans la manifestation du don de son Esprit dans l’accomplissement de son œuvre7. »

Ainsi, sans cette loupe prophétique, certaines discussions de nature doctrinale auraient fait basculer le mouvement dans la disharmonie dès les premiers stades de son développement.

 

1860 À 1863 : LE MOUVEMENT ADVENTISTE S’ORGANISE

Dans les premières années du développement de l’adventisme, les pionniers s’opposaient à toute forme d’organisation. Pour eux, l’organisation, c’était « Babylone ». Au cœur de toute cette opposition et contre sa propre inclination initiale, Ellen White a écrit : « Le Seigneur m’a montré que l’ordre évangélique avait été beaucoup trop craint et négligé. […] Le formalisme doit être évité, mais il ne faut pas pour cela oublier l’ordre. Il y a de l’ordre au ciel. Il y en avait dans l’Église lorsque le Christ était ici-bas ; et après son ascension, l’ordre fut strictement observé par ses apôtres. Et maintenant que nous sommes dans les derniers jours, alors que Dieu amène ses enfants à l’unité de la foi, l’ordre est plus nécessaire que jamais8. »

Plus tard, la messagère du Seigneur a abordé la discussion en attirant l’attention sur des passages bibliques et leur contexte historique. Voici ce qu’elle a affirmé : « L’ordre qui fut maintenu dans l’Église primitive permit aux chrétiens d’avancer avec assurance, comme une armée bien disciplinée, revêtus de l’armure de Dieu9. » En outre, elle a placé une loupe prophétique sur Actes 15 pour nous faire comprendre l’importance de l’organisation. Elle a également cité 1 Corinthiens 14.33 : « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix […] comme dans toutes les Églises des saints »10 et a appliqué l’instruction de Paul aux temps modernes : « Il exige, de nos jours comme par le passé, que l’ordre et la méthode soient observés dans les affaires de l’Église. Il désire que son œuvre soit poursuivie avec soin et exactitude, afin de pouvoir y placer le sceau de son approbation11. »

Ainsi, le rôle d’Ellen White en tant que loupe prophétique sur les questions d’organisation de l’Église est un bon exemple de l’importance de ses écrits dans des situations où l’on ne dispose pas d’un clair « Ainsi parle l’Éternel ». Dans de tels domaines, on peut aider l’Église en tirant des principes des Écritures avec l’aide des écrits d’Ellen White.

 

1888 : UNE CRISE DOCTRINALE

Considérons maintenant un autre domaine crucial : la crise doctrinale lors de la session de la Conférence générale de Minneapolis de 1888. À cette époque, l’Église recevait volontiers les conseils d’Ellen White. Les dirigeants avaient confiance en ses conseils. Certains en sont même venus à penser qu’ils pouvaient conformer le don de prophétie à leurs propres désirs. En retraçant les événements qui ont conduit à la Conférence générale de 1888, George Knight note comment George Butler, alors président de la Conférence générale, a tenté de mettre Ellen White de son côté dans le débat pour savoir si Paul, dans Galates, parlait de la loi cérémonielle ou de la loi morale. Il voulait résoudre cette question en supprimant deux voix fortes – E. J. Waggoner et A. T. Jones – qui se profilaient à l’horizon théologique de l’Église sur la question de la justification par la foi. Ces deux hommes ont présenté le message de la justification par la foi avec une force telle que les dirigeants de l’Église, dont George Butler et Uriah Smith, s’y sont opposés parce que selon eux, un tel message éclipserait le sabbat. Ellen White, cependant, a indiqué que les deux jeunes hommes présentaient un message que l’Église avait besoin d’entendre12. Elle a aussi exhorté les pasteurs à étudier la Bible13.

Ellen White ne s’est pas prononcée sur la loi dans Galates parce que Dieu l’a dirigée différemment. Elle a encouragé les pasteurs à étudier les Écritures pour eux-mêmes. George Knight commente : « Butler et ses collègues ont cherché à résoudre la question de l’interprétation biblique en s’appuyant sur l’autorité d’Ellen White. Mais cette dernière, refusant une telle approche, a renvoyé à plusieurs reprises l’Église à la Bible en tant que seule autorité valable en matière d’interprétation biblique. Elle a refusé de laisser ses écrits régler la question de Galates14. » Ainsi, l’expérience de 1888 a fait ressortir une leçon cruciale pour notre époque : le fait de considérer Ellen White comme une loupe des Écritures ne nous dispense pas d’une étude approfondie de la Parole de Dieu.

 

1901-1903 : RÉORGANISATION DE L’ÉGLISE

Penchons-nous sur un autre exemple. Le 1er avril 1901, pendant la session de la Conférence générale, une réunion s’est tenue à la bibliothèque de l’Institut d’enseignement supérieur de Battle Creek. La nature de la discussion n’est pas claire, mais ce que l’on sait, est qu’un petit comité a décidé d’inviter Ellen White « à être présente et à nous [le comité] présenter toute lumière qu’elle pourrait avoir reçue pour nous »15. Dieu a alors démontré aux dirigeants de l’Église que les messages envoyés par Ellen White étaient destinés à l’Église dans son ensemble et aux personnes qui recevaient des témoignages spécifiques. À cette occasion, il n’y a pas eu d’ordre du jour. On a simplement demandé à Ellen White de s’adresser aux membres du comité et de faire toute la lumière sur les questions (bien que non explicites) qui se posaient. Elle leur a montré la nécessité d’une décentralisation. Cela a conduit à la réorganisation de l’Église adventiste entre 1901 et 1903, conformément à son conseil. Cette phase de l’histoire de l’Église nous apprend qu’Ellen White a également donné des conseils de nature pratique, abordant divers domaines de l’expérience chrétienne tels que les fréquentations, le mariage, et même des sujets délicats tels que la liberté religieuse et le racisme. Cependant, lorsqu’on retire ces sujets de leur contexte, il y a forcément un malentendu et une mauvaise application de ses messages. Le contexte reste une loupe essentielle en vue d’une vision claire.

 

DE 1915 À NOS JOURS

Ellen White est décédée le 16 juillet 1915. Depuis lors, un certain nombre de développements ont eu lieu sur la manière de se rapporter à ses écrits. Avant 1915, s’il y avait quoi que ce soit nécessitant une clarification, on pouvait s’adresser directement à elle. Avant sa mort, dans son testament, elle a mis en place une équipe de fiduciaires et en a fait les gardiens de l’héritage qu’elle laissait derrière elle : des écrits comprenant des livres, des lettres, des manuscrits, des journaux intimes, des brochures, des articles de journaux, des artéfacts. Aujourd’hui, la plupart de ces documents sont accessibles en ligne et sous forme de compilations. La richesse de la lumière prophétique nous sert encore de loupe pour mettre les Écritures en évidence au niveau où Ellen White les tenait. Nous pouvons puiser dans ce trésor, et ainsi, satisfaire nos besoins d’orientation dans de nombreux domaines.

Nous avons commencé cet article par une histoire tirée de l’Ancien Testament. Le rôle de la prophétesse Hulda ne consistait pas à faire une étude du livre de la loi, mais à magnifier ce livre et à en appliquer les principes pour son temps. Le message de Hulda à Josias impliquait qu’il fallait lire et comprendre le livre de la loi. Le roi a compris, à l’évidence, son message et y a répondu de façon appropriée.

On observe un schéma similaire dans l’expérience d’Ellen White. La messagère du Seigneur a reçu des messages qui ont confirmé ou éclairé les premiers adventistes lorsqu’ils butaient sur un point et n’arrivaient pas à en avoir une compréhension claire. Son rôle consistait à confirmer plutôt qu’à initier des doctrines. Son ministère a toujours consisté à renvoyer aux Écritures et à Christ – la révélation la plus claire de l’amour et du caractère de Dieu. Ses écrits ont servi de loupe pour comprendre la Bible, ses principes, et la façon de les appliquer aujourd’hui.

Mxolisi Michael Sokupa, titulaire d’un doctorat de l’Institut international adventiste des études avancées, aux Philippines, ainsi que d’un doctorat en théologie de l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud, est directeur adjoint du Ellen G. White Estate à la Conférence générale des adventistes du septième jour, à Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis. Son courriel : SokupaM@gc.adventist.org.

De Mxolisi Michael Sokupa
Source : Dialogue 33 (2021/1), p. 17-20


NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
  2. La plupart des historiens de l’histoire religieuse américaine reconnaissent en William Miller une figure influente qui, avec d’autres, a inauguré une nouvelle ère de zèle millénariste dans les années 1830 et 1840. Miller a prédit que le retour de Jésus aurait lieu vers octobre 1844. Voir Susan Juster, Doomsayers: Anglo-American Prophecy in the Age of Revolution, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2003, p. 213.
  3. Ellen G. White, Premiers écrits, p. XVI.
  4. Ibid., p. XXII.
  5. Ibid.
  6. Voir James White, « Time to Commence the Sabbath », Advent Review and Sabbath Herald, 31.11, 25 février 1868, p. 168.
  7. Ibid.
  8. Ellen G. White, Premiers écrits, p. 97.
  9. Idem., Conquérants pacifiques, p. 84.
  10. Ibid., p. 96.
  11. Ibid., p. 84.
  12. George Knight, « General Conference of 1888 », The Ellen G. White Encyclopedia, Denis Fortin et Jerry Moon, éds., Hagerstown, Md., Review and Herald, 2013, p. 836.
  13. Ellen G. White Letter 13, 1888 à E.P. Daniels, 3 juillet 1888.
  14. George Knight, « General Conference of 1888 », The Ellen G. White Encyclopedia, p. 837.
  15. Ellen G. White, Ms 43a, 1901, 1er avril 1901, « Elder A. G. Daniells in the Chair[…] ».
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