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LES PRÉSIDENTS FRANÇAIS ET LES CHRÉTIENS D’ORIENT

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Exposition qui leur est consacrée à l’Institut du monde arabe, Emmanuel Macron a rappelé la vocation protectrice de la France à l’égard des chrétiens d’Orient.

Une vocation prônée par les différents présidents de la Ve République, mais parfois plus comme une posture qu’un véritable engagement.

« La France, protectrice des chrétiens d’Orient ». Ce vieux leitmotiv de la diplomatie française prend racine dans l’alliance de la France et l’Empire ottoman en 1535. Au fil des siècles, la France a reçu, comme un bénéfice de cette alliance, la protection des catholiques au Moyen-Orient – en particulier ceux du Mont Liban –, ainsi que de certains lieux saints.

Napoléon III organisa une expédition française au Liban, en 1860, pour mettre fin aux massacres des chrétiens par les Druzes. Cette entente avec l’Empire ottoman se poursuivit jusqu’à la chute de celui-ci en 1920.

« Ce peuple qui a surmonté les épreuves à travers les siècles »

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le soutien de la France aux chrétiens d’Orient a peu à peu pris une dimension plus symbolique, néanmoins marquée par quelque temps fort. On pense notamment à l’hommage appuyé de Jacques Chirac aux chrétiens de Terre sainte, en octobre 1996, à l’église Sainte-Anne de Jérusalem.

« Je veux saluer le courage de ce peuple qui a sur- monté les épreuves à travers les siècles. Il est toujours là, certes moins nombreux, mais jouant toujours un rôle essentiel d’ouverture et de dialogue, de paix. Au moment où s’élaborent de nouvelles institutions, dans des conditions difficiles, je me tourne vers vous et je vous dis courage, déclarait-il alors. Aujourd’hui comme hier, votre rôle demeure. Vous êtes indispensables. Ne désespérez pas. Ne quittez pas cette terre. Vous demeurez aujourd’hui, comme hier, une garantie de respect de l’autre et de tolérance pour la société qui se crée. En cela, vous êtes nécessaires à la paix ».

Le rôle historique de la France à l’égard des chrétiens d’Orient

Particulièrement proche du Liban, Jacques Chirac voyait dans ce pays doté d’une forte minorité chrétienne une porte d’entrée naturelle de la France dans le monde arabe. Quelques jours après son discours de Jérusalem, il s’était adressé en ces termes à la jeunesse libanaise : « Vous les jeunes, et notamment les jeunes chrétiens, votre place est ici, a-t-il lancé. Si vous n’assumez pas vos responsabilités, vous ne pourrez plus vous regarder vraiment dans la glace ».

« Peu à peu, le rôle politique de la France à l’égards chrétiens d’Orient est devenu purement culturel, sauf durant la présidence du général de Gaulle en raison de sa politique arabe », expliquait l’historien Gérard Khoury au journal La Croix en 2014. « Aujourd’hui, il n’y a plus aucun fondement ni politique ni économique qui anime la politique de la France pour soutenir les chrétiens d’Orient. » Pour ce spécialiste, « le rôle historique de la France à l’égard des chrétiens d’Orient n’est plus qu’un souvenir ».

À l’issue de ce sommet organisé à Marrakech par le ministère marocain des Affaires islamiques et le Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes basées aux Émirats Arabes Unis, une déclaration de très haute importance a été adoptée pour réaffirmer haut et fort la nécessité pour les communautés religieuses de vivre en paix dans les pays à majorité musulmane, sans aucune diminution de leurs droits tels que la liberté de culte et l’égalité devant la loi.

Depuis trois ans, une France plus engagée

Pourtant, les gestes des présidents français à l’encontre de ces minorités semblent s’être multipliés ces trois dernières années, à la faveur du sort tragique qu’ils connaissent notamment en Irak et en Syrie, aux côtés de populations musulmanes. Pour certains observateurs, le contexte international actuel aura été l’occasion, pour la France, de « renouer » avec une tradition séculaire de protection de ces chrétiens orientaux.

Deux dates auront ainsi marqué, à cet égard, le quinquennat de François Hollande : le 27 mars 2015, la France suscitait la tenue d’une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU sur ce sujet. Et le 8 septembre suivant, le Quai d’Orsay organisait une conférence internationale pour alerter les puissances sur le sort des minorités persécutées, notamment chrétiennes et yézidies. François Hollande a également assisté à des cérémonies d’accueil de chrétiens réfugiés d’Irak.

Mais pour Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique de Jérusalem, les dimensions caritative et financière de cet engagement demeurent insuffisantes. « Offrir des dont ces chrétiens d’Orient ont besoin, c’est d’un vrai projet d’inscription dans un devenir durable. Il ne s’agit pas seulement de les aider à survivre, mais plutôt à être des citoyens et à se former sur place, aux côtés des musulmans, pour préparer un avenir commun. »

« Je ne veux pas jouer une communauté contre l’autre »

À l’heure où la défense des chrétiens d’Orient est par- fois perçue, en France, comme un marqueur identitaire, et où ces minorités peuvent être vues dans leurs propres pays comme des « ennemis de l’intérieur » en raison de leurs liens avec les puissances occidentales, le président Emmanuel Macron semble désireux de rester prudent sur ce sujet.

C’est, du moins, ce qu’il avait exprimé lors de sa visite au Liban les 23 et 24 janvier dernier, alors qu’il n’était que candidat à la présidentielle et que le sujet des chrétiens d’Orient avait jusqu’alors été plutôt préempté par François Fillon. Rencontrant le patriarche maronite Be- chara Raï dans sa résidence d’hiver de Bkerké, le futur président avait déclaré : « Les chrétiens sont une composante fondamentale de la région. Mais ils s’inscrivent dans le modèle pluraliste libanais. Je ne veux pas jouer une communauté contre l’autre ».

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