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« L’ÉCHEC N’EST PAS UNE OPTION ! »

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Sur le campus, un poster est affiché partout (même dans les toilettes !)… Difficile de le rater ! Soudain, je m’aperçois qu’en fait, je l’ai regardé pendant tout le semestre. Son message est-il valable ? Cette question persiste quelque part dans mon esprit. Tout en haut, on peut lire, en caractères gras :

« L’échec n’est PAS une option ». Comme des tas d’autres posters affichés un peu partout rivalisent pour mon attention, je ne l’ai jamais vraiment lu entièrement. Mais d’une façon ou d’une autre, son message m’a frappé de façon subliminale. Un jour, je décide de le lire en entier. Il s’agit d’une invitation encourageante du Service de soutien aux handicapés de l’université à l’endroit des étudiants qui luttent pour surmonter leurs limitations et réussir. Un excellent message ! Jusqu’ici, rien à redire.

Néanmoins, je suis encore déconcerté par le message initial. Pas par rapport aux étudiants qui triment dur, mais à notre société obsédée par les accomplissements. Une telle obsession fait du succès le but ultime dans la vie et par conséquent, ne tolère absolument pas l’échec. J’ai déjà discuté avec une amie de l’éducation des ados (nous en avons deux chez nous). Au cours de la conversation, elle s’est tournée vers moi et m’a dit que la pire chose pour sa fille, c’est de penser qu’elle pourrait échouer quelque part. Résultats scolaires, sport, explorateurs mêmes, fréquentations – elle s’impose la réussite en tout, souvent au prix d’une importante dépense émotionnelle.

L’ANGLE PSYCHOLOGIQUE ET L’ANGLE SOCIOLOGIQUE

Une étude récente effectuée en Allemagne a montré qu’un étudiant sur sept reçoit des cours particuliers – bien que ses notes soient assez bonnes – ce qui ajoute des heures et des heures d’études supplémentaires en après- midi à un horaire déjà trop chargé. Pourtant, ces étudiants ne sont pas forcément en train d’échouer. Ce sont leurs parents qui veulent les voir réussir – et seulement réussir. L’enfant n’apprend pas forcément davantage d’algèbre et de grammaire, mais l’idée suivante : « Je dois continuellement obtenir d’excellents résultats. Si ce n’est pas possible, il me faut de l’aide – de l’aide sérieuse, sinon c’est ma scolarité qui sera en jeu et, finalement, mon progrès social. Je dois progresser ; par conséquent, “pas question d’échouer”. »

Les psychologues pour enfants ont tiré la sonnette d’alarme. Ils parlent de dépression, d’anxiété, d’épuisement même, chez des enfants de plus en plus jeunes1. Selon eux, une partie du problème est que les enfants n’apprennent pas à échouer, et par conséquent, n’apprennent pas à partir de leurs échecs. De plus, une société qui ne tolère pas les échecs contribue davantage à la spirale qui exige toujours mieux et davantage, laissant ainsi une somme énorme d’insécurité et de doutes personnels dans son sillage. Par conséquent, dès que les échecs et les désappointements inévitables de la vie se pointent, ils n’y sont absolument pas préparés.

Il ne s’agit pas ici d’un appel à la médiocrité, ni de décourager la poursuite de l’excellence, mais plutôt d’une invitation à réfléchir pour savoir si le temps est venu de sauter du train en marche, et de chercher un moyen plus sain d’apprendre et de maîtriser la vie – même la vie éternelle.

L’ANGLE THÉOLOGIQUE

La Bible foisonne de gens qui ont échoué : Moïse, qui le premier frappa l’Égyptien, et plus tard, le rocher à plusieurs reprises ; David, qui échoua royalement (jeu de mots intentionnel) en donnant libre cours à sa convoitise pour une femme mariée d’une grande beauté ; Pierre, qui ne laissa pas son épée dans son fourreau et jura de façon implicite ; Paul, qui persécuta farouchement les premiers disciples de Jésus jusqu’à ce que celui-ci le confronte sur le chemin de Damas et lui révèle l’échec de sa vie. Et la liste pourrait s’allonger ! En définitive, ce fut précisément leurs échecs qui les conduisirent directement dans les bras d’un tendre sauveur, lequel leur pardonna et les transforma en puissants héros de la foi. Tout au long du parcours, ils apprirent deux choses fondamentales.

Premièrement, quand nous échouons, nous nous rendons compte que nous devons nous fier davantage à la grâce de Dieu qu’à nos accomplissements personnels : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi2. » (2 Co 12.9) L’échec est un pas vers le pardon et la force en Christ. Mais si l’échec n’est pas une option, nous pouvons nous retrouver du côté d’une image perfectionniste et déformée de la justice de Dieu.

Deuxièmement, l’échec peut nous rendre plus compatissants envers nos semblables. Ellen White commente l’expérience de Pierre : « Le souvenir de sa faiblesse et de son égarement l’amènerait à se comporter, envers les brebis et les agneaux confiés à ses soins, avec la même tendresse que le Christ lui avait témoignée3. » Une reconnaissance saine de nos propres égarements nous rend plus prompts à pardonner les faiblesses des autres et nous aide à développer une empathie semblable à celle du Christ.

Dans un monde affecté par le péché, l’échec est certes – malheureusement, mais définitivement – une option. Non pas une option que nous recherchons ou pour laquelle nous devons nous battre volontairement, mais une option qui, tôt ou tard, se mettra en travers de notre chemin. Et c’est bien ainsi ! Nous ne sommes pas tenus de nous mettre sous pression pour réussir constamment ni de nous effondrer au premier échec. De même, nous reconnaissons que nous ne devons pas imposer à nos enfants la performance à tout prix. Ils doivent savoir qu’ils ont le droit d’échouer, qu’ils peuvent grandir en apprenant de leurs erreurs, et que la grâce divine prévoit tout ça. En ce qui me concerne, je prie Dieu de ne pas sourciller quand mes enfants me présenteront leur prochain bulletin scolaire.

___________________

Martin G. Klingbeil, titulaire d’un doctorat en littérature, est professeur d’études bibliques et d’archéologie,
ainsi que directeur adjoint de l’Institut d’archéologie de l’Université adventiste Southern, à Collegedale, au Tennessee (États-Unis).

1 – http://www.spiegel.de/lebenundlernen/schule/burnout-bei-kindern-wie-kommt-es-so-frueh-zu-depres- sionen-a-1045734.html.
2 – Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
3 – Ellen G. White, Conquérants Pacifiques, p. 463.

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